mercredi 18 avril 2018

2. Borel bien appliqué

Après Joseph Weber, mon deuxième portrait de penseurs prend sa source en Aveyron, à l'initiative de Jean Fabre, ex-troisième-ligne aile, capitaine du XV de France et du Stade Toulousain, dont les connaisseurs de rugby sont familiers. Agrégé de mathématiques, initiateur de la première Coupe d'Europe (baptisée Masters en 1986), passionnés de jazz et de romans policiers, cet ancien candidat à la présidence de la FFR m'avait reçu il y a deux ans à son domicile toulousain. Et tandis que nous évoquions mes projets, en particulier le Dictionnaire des Penseurs, Jean Fabre répondit Emile Borel à la question que je lui posais de savoir quel était pour lui l'un des hommes les plus remarquables dont il avait une connaissance approfondie. 
 
L'actualité est souvent bon compagnon de voyage : il suffit de s'intéresser à Big Brother et à Cambridge Analytica ! Piocher dans les données privées de millions d'utilisateurs pour les bombarder de fausses informations et les intoxiquer prouve bien que nous n'avons malheureusement pas quitté "1984". Et c'est là où surgit dans notre paysage un illustre inconnu du grand public qui mérite le détour par Saint-Affrique, la ville où il est né en 1871. En peu de temps, Emile Borel passa de la mesure des ensembles qu'il avait théorisée à son application au calcul des probabilités. Mathématicien, chercheur, homme politique et enseignant, il fut nommé secrétaire général de la présidence du Conseil, ce qui n'est pas une petite distinction.
 
On doit surtout à ce génie de l'abstraction la création du CNRS. Et, pour ce qui nous concerne, des théories probabilistes qui sont aujourd'hui en activité tout autour de nous, pour le meilleur et aussi pour le pire. Je ne vais pas - moi qui justifiait d'une moyenne de 5 sur 20 en mathématiques - vous infliger le comment de ses travaux. Juste vous dire que si sa théorie des probabilités trouva ses premiers prolongements dans le jeu de dame et le bridge, elle irrigue aujourd'hui la physique quantique, l'astronomie, la cosmographie, la biologie moléculaire, la médecine, l'industrie, l'informatique et la cybernétique.
 
Vous vous êtes connecté à un serveur pour ouvrir Comme Fou. Sachez que la reconnaissances des caractères s'est effectuée par le biais du calcul des probabilités chère à Emile Borel, lequel calcul nourrit sans discontinuer notre quotidien à travers l'interprétation des données informatiques qui alimentent statistiques et finance, sans oublier la stratégie militaire dont on peu regretter (ou pas) à l'heure actuelle son intrusion jusque dans nos salons.


3 commentaires:

Gariguette a dit…

"La reconnaissance des caractères" à part par La Bruyère, Ritchie, je n'y entrave que pouic ! Mais bon un homme qui, arrivé premier aux concours de Polytechnique et de Normale Sup', choisit cette dernière ne peut pas franchement être mauvais . J'ai donc arpenté Wikipedia et appris que Borel est également l'auteur du " paradoxe du singe savant "
"C'est un théorème selon lequel un singe qui tape indéfiniment et au hasard sur le clavier d’une machine à écrire pourra « presque sûrement » écrire un texte donné. Dans ce contexte, « presque sûrement » est une expression mathématique ayant un sens précis, et le singe n'est pas vraiment un singe mais une métaphore pour un mécanisme abstrait qui produit une séquence aléatoire de lettres à l'infini."
Voilà on est encore dans le "presque" comme pour Weber . Peut être à creuser ?
Je me demande si un auteur quelconque tapant au hasard et indéfiniment sur son clavier pourra écrire un texte donné, le paradoxe serait alors qu'il soit payé en monnaie de singe .


richard escot a dit…

Ce paradoxe du singe savant peut donc s'appliquer à de nombreuses activités "humaines". Le rugby, tel qu'on peut parfois le voir, n'en est pas exclu, me semble-t-il. A moins que je ne me trompe encore une fois.
Rugby is a monkey business ?

Michel Prieu a dit…

En peaufinant l'éducation ça pourrait l'arranger et diminuer nombre d'aléas.