Scotché, et pas seulement parce qu'il se consomme beaucoup de blend dans ce long métrage bien tourbé : voilà comment je me suis retrouvé sur mon siège devant cette enquête sur grand écran, documentaire pour lequel la caméra colle à l'action, aux sentiments, aux vibrations, interroge, questionne, participe.
Je n'avais jamais senti d'aussi près des personnages au point de littéralement les respirer. Rodrigo Sorogoyen est un génie à qui l'on doit, il y a trois ans, Que Dios nos perdone, polar étouffant, serré, sensoriel, tenu jusqu'au bout. El Reino monte d'un cran, qui habite le sujet comme ça n'a jamais été montré auparavant.
Ce film est servi par la présence d'Antonio de la Torre, déjà remarquable dans La Isla Minima et Que Dios nos perdone. Le Dustin Hoffmann ibérique cache bien son jeu derrière une performance sans fard, justement. Du coup, El Reino ne m'a pas laissé une seule seconde de répit, aucun relâchement qui m'aurait permis de reprendre ma respiration. C'est dire si ce coup de maître ne manque pas de souffle.
Son scenario s'emboîte parfaitement dans l'actualité dont il est un des ressorts, d'ailleurs. Il nous parle des maux qui plombent la vie de nos cités, cette res publica si malmenée qui pousse à sortir manifester, quitter le vieux monde sclérosé en perte de sens. Au-delà d'être un excellent film, El Reino est surtout une œuvre de salubrité publique, un marqueur de notre époque en panne d'idéal. Ce qui pose question.
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