Depuis quelques temps l'intérêt suscité par ce blog va clairement en périclitant. Après un très net regain à partir de septembre 2015, Coupe du monde oblige, nos échanges depuis quelques semaines se font de plus en plus rares. Il faut passer la nuit devant le Super Bowl, à trois, pour retrouver un peu de vitalité. En dehors de ça, nos commentaires sont presque abandonnés et notre lien, d'habitude si fort, est là distendu si j'en crois l'abandon de notre dernier Crazy Ruck faute de présents.
Il en va de ce blog comme de ce qui l'entoure. L'éloignement marqué est à la mesure de ce qu'il fut depuis le début, à savoir un groupe d'abord fortuit puis uni, souriant, drôle, iconoclaste, décalé. Neuf ans après, il s'essouffle, coincé dans le maelstrom de la vie, famille, travail, partie... Cette fin de match est sans doute à l'image du moment que nous vivons, désespérant. Trump et Le Pen, puants, copulent et nous n'aurons pas assez de temps ni d'énergie, je le crains, pour noyer leurs petits.
J'ai tendance à me refermer sur des valeurs sûres, cinéphiles très souvent, pour me sortir du quotidien gluant. J'ose à peine allumer la radio de peur d'y entendre le flux des conneries qui nous plongent dans le désarroi. Et que dire de la télévision ? Je l'ai retournée, de l'autre côté c'est passionnant... Vers quoi aller ? Savourer un opéra, (re)dévorer un classique... Ecrire, penser. Ecouter ce qu'Edgar Morin a à dire, aussi. Et son alter ego Cynthia Fleury. Qui nous invite place de la République à manifester contre la corruption.
Morin et Fleury vraiment me ré-enchantent. Leur lucidité, leurs efforts pour nous sortir de l'ornière intellectuelle et sensitive dans laquelle nous jettent des petits esprits étriqués et malsains comme par exemple Finquellecrotte et BHL devient un élan vital. Ce n'est pas toujours joyeux mais ça participe d'une redistribution de la pensée à l'heure où on voudrait nous faire avancer les yeux bandés.
J'avais imaginé Comme Fou tel une oasis dans un remugle, un fil tendu au-dessus des remous, une main tendue dans la foule des dos tournés. C'est bien ce qu'il a été pendant neuf ans. Je vois, désormais, que nos doigts, ceux d'Antoine, de Nemer, de Seb, de Vincent, de Christophe, de Léon, les miens aussi, se retrouvent et se croisent comme une passe des Boniface autour, pour et dans un projet éditorial, Flair Play, devenu notre nouvel épicentre ovale, et j'en suis ravi. En attendant le deuxième numéro avec impatience.
Sans tristesse, toute histoire à une fin et il me semble que celle de ce blog arrive maintenant à grands pas. Voici venir son épilogue, sa conclusion, sa coda. Il va me falloir prendre une décision pour éviter, sans doute, de faire la saison de trop. Quel avenir pour Comme Fou ? De toute façon, comme en dit en rugby, en chimie et en philosophie, rien ne se perd, tout se transforme.
10 commentaires:
Je suis content de voir un nouveau thème. Même si c'est un thème de fin.
Je le comprends d'autant mieux que je me suis immédiatement posé la question de cette énergie dont tu sembles déborder: ta famille, tes intérêts personnels, ton travail, tous ces déplacements, et encore ce blog -depuis neuf ans, donc-, les rendez-vous réguliers du "Crazy Ruck", et "Côté Ouvert" et d'autres encore,.... Et tout ce que l'on ne sait pas, bien évidemment...
Je trouve çà remarquable; d'autant plus que, pour ma part, j'ai très peu d'énergie et, la plupart du temps, j'en reste aux idées, aux pensées, aux plans sur le papier. Surtout en y rajoutant une procrastination puissante contre laquelle je lutte difficilement. Une fois que le moteur est lancé, toujours par rencontres, les choses peuvent parfois aller plutôt bien. Mais je n'ai pas l'étincelle. Pas assez de force de vie. Un peu comme ma mère dont on disait, au mieux, qu'elle était contemplative, au pire, végétative. Je suis coincé entre le rêveur et le réactif.
A partir de là -du pourquoi de ce blog- au fond, quel est le problème? Qu'il y ait beaucoup ou peu de réponses...? Que certains sujets soient plus attirants que d'autres...? Et tout ce genre de questions...? Mais, et je m'appuie sur la chanson de Bernard Lavilliers qui passe actuellement dans mes oreilles, "On the Road again", la vie continue...
Et, je pense, quand même, qu'hors de sujets très précis(comme le rugby), que l'on peut arriver à boucler, à épuiser,donc devenir répétitif, il reste l'infini des questions. Mais là, revient la question de l'intérêt, de la motivation, du but. Et de l'usure, effectivement, et du renouvellement des "cadres", c'est sûr.
Aller, courage, cher ami. Et, quelque soit ta décision, elle sera la bonne. Avec tout mon soutient et mon amitié.
André
Hello André,
pour moi, ce blog est une source d'échanges. Les "historiques" s'éloignent, ce qui est normal. La relève arrive. Je vais peut-être revenir à la version originale. Je réfléchis. A suivre... Merci de ton soutien.
Ne lâchez pas, ne lâchez rien. C'est maintenant qu'il faut tenir, tenir et tenir encore. Merci pour vos mots (sur nos maux) et merci de continuer. S'il vous plaît.
"soutien", effectivement!
Tu es l'ouvreur quoi qu'il arrive ! Et ce sera toujours un grand honneur de jouer à tes côtés, ici comme ailleurs. Par la pensée, la poésie, la philosophie et ce ballon ovale qui nous réunit et compose le tout. Amitiés
Je viens juste de prendre connaissance de ce nouvel article et curieusement sans le savoir André, j'ai pensé toute la journée à "on the road again" - pour moi une autre chanson celle des Canned Heat - que j'ai d'ailleurs mis en lien sur l'autre blog de Ritchie pour saluer (éventuellement) la naissance d'un nouveau Tournoi, d'un nouveau rugby peut être aussi ...
La fin d'un monde c'est aussi la naissance d'un autre monde et espérons qu'il soit plus riche, plus exaltant . C'est vrai que les perspectives actuelles, celles que tu décris Richard, pourraient vite nous entraîner vers des lendemains qui déchantent ; pas trop my cup of tea . Alors oui on the road again, reprendre le baluchon de Kerouac, trouver d'autres horizons, d'autres intérêts, d'autres combats peut être . Se dire que même chez ceux que nous ne comprenons pas, il y a sans doute des gens de bonne volonté - mais oui ! - ordo ab chao disais-tu ? On verra bien ... Cheers !
Bien reçu, bien lu... Ou l'inverse.
La tentation de taper en touche se transforme en volonté d'inventer de nouvelles combinaisons pour trouver des décalages au large.
Merci du soutien.
Gaffe quand même au large-large ou à ses dévoiements, mais pourquoi pas ?
Il ne faut pas, peut être, apprécier l'intérêt de ce blog par le seul effectif des contributeurs ou le volume de leurs libelles.
Certains qui traînent ad mortem le boulet de leur 4 en philo ou quelqu'autre blocage tétanisant viennent sûrement s'y promener en nombre, ne saissant pas toujours tout, et pas seulement le Zarm mais en goûtent la diversité et la qualité des exposés.
Il arrive même d'espérer, malgré la vastitude du programme, de se (moi surtout) coucher moins con.
Bien sûr, comme pour ton autre blog, c'est toi qui as les clés alors on te rend la béchigue.
Je vais revenir aux fondamentaux de ce blog. L'humeur. Le coup de folie. Ou tout comme.
Enregistrer un commentaire