samedi 28 avril 2018

3. Gouges sur l'Olympe

Sinistre rédacteur collaborationniste, Michel Audiard n'a pas raison : c'est bien parce qu'elle a quitté Montauban en 1767 que Marie Gouze a pu devenir ce qu'elle était, à savoir la première figure française du féminisme, en déplaise à ses détractrices. Eclairée par les Lumières, elle  se fit fort d'adresser entre 1788 et 1793 une soixantaine de propositions à Mirabeau, La Fayette et Necker qui formaient un véritable programme social, sociétal et politique.

Olympe de Gouges, nom de scène comme un cri de guerre, fait partie des cent personnalités qui ont changé la face de l'humanité et prennent place dans "Le Dictionnaire des Penseurs" que nous avons rédigé, Christophe Schaeffer et moi, à venir début juin. Rien ne sera plus pareil après sa passage puisqu'elle souhaitait la féminisation des noms de métier et l'instauration du divorce, encourageait un impôt volontaire pour endiguer la pauvreté, ainsi que la création de maternités, d'ateliers nationaux pour les chômeurs et de foyers pour les mendiants. Certains chantiers sont néanmoins encore en friche.

Après Joseph Weber et Emile Borel, dont vous ne connaissiez sans doute pas l'existence, (re)découvrez celle qui a manqué de peu l'accession au Panthéon. Partie remise. Eloignés (ou pas) du Deuxième Sexe, des Chiennes de Garde, de Ni Putes ni Soumises et des Femen, #Metto et #BalanceTonPorc tracent aujourd'hui sur les réseaux sociaux - mais pas que - une nouvelle ligne de partage (sic). Je voudrais juste noter ici au passage que ce sont des femmes, et principalement françaises, qui furent jusqu'à la fin du XXe siècle les pires ennemies de la Montalbanaise au motif qu'elle avait été courtisane. Critique fallacieuse de la part de celles qui revendiquaient pleinement et à juste titre la libération des mœurs jusqu'à permettre à leurs sœurs de toucher Vernon Subutex.

Le chemin est encore long. Comme était éveillé le rêve de celle qui imaginait une Révolution française reconnaissant aux femmes les mêmes droits que les autres, les hommes. Elle réveilla les consciences, soutenue par Condorcet, jusqu'à rédiger en 1791 une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, avec un sens aiguisé de la formule. "La femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit également avec celui de monter à la tribune." Tout est dit pour celle qui sera jugée et guillotinée dans la foulée pour "attentat à la souveraineté du peuple".

Visionnaire, elle écrit : "Toutes les citoyennes et citoyens étant égaux aux yeux de la loi doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics." Jeanine Dubié, Chantal Jouanno, Sylvie Goulard, Murielle Pénicaud, Frédérique Vidal, Juliette Méadel, Agnès Buzyn, Sylvia Pinel, Marlène Schiappa, pensez à elle : son plus grand crime fut de demander à l'Assemblée législative le droit de vote pour les femmes. Ce qui leur fut accordé. Brièvement. Car Robespierre et Saint-Just en jugèrent autrement, biffant cette avancée qui ne sera validée qu'en 1945.
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7 commentaires:

zarma a dit…
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richard escot a dit…

Enfin un commentaire ! Et quoi, oups, supprimé ? Que diantre...

richard escot a dit…

Zarma, je sais que c'est toi... C'est pas sport.

zarma a dit…
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richard escot a dit…

Merci. Laisse moi bosser un peu et je reviens vers toi parce qu'il y a de quoi lyre.

richard escot a dit…

Ou l'ire ?...

zarma a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.