lundi 9 novembre 2009

Naturelles


Ce midi, mon ami Olivier Margot dépose sur mon bureau un petit ouvrage, traduit de l'Espagnol. Editions Verdier. Non, ce n'est pas du rugby. Encore que. Verdier et Margot, pourtant... Mais non! "La solitude sonore du toreo". Et l'incipit. "L'art magique et prodigieux de toréer a aussi sa musique propre et c'est ce qu'il a de mieux. Musique pour les yeux de l'âme et pour l'oreille du coeur." Deux phrases qui font écho au plus profond de moi. Surtout la seconde. Et vous ?

52 commentaires:

rugbymane a dit…

Chez Verdier tu as aussi un livre de Francis Marmande et surtout ceux, à moins que je ne me trompe, ma mémoire défaille des jours, ceux de Jacques Durand, il m'arrivait d'acheter libé juste pour le lire, comme avant les chroniques hippiques d'Homéric...bon l'aspiro et moi on va se faire tout un tas de véroniques avec le chat, un vrai miura de puta madre celui-là...

Léon a dit…

Yep, benoît : les Durand, les Marmande et toute la collec. faneas c'est du pur jus. Mais, comment ce fait-ce que se soit chez Verdier, que "la solitude sonore du toreo", du grand, de l'immense josé bergamin, atterrisse, et pas en points/romans? Traduit par florence delay (en plus), ce bréviaire est, avec "l'art du birlibirloque" (le temps qu'il fait), deux chefs d'oeuvre absolus de la littérature su le sujet. Page 99 de "la solitude sonore...": LE TOREO, COMME LES ASTRES, A SA "MUSIQUE TUE". ET SA "SOLITUDE SONORE".
Et Allez - Olé!

Ritchie koi a dit…

Oh, les gars, on est bien, hein, avant d'affronter les Boks à Toulouse, dans cette arène du Stadium, oblongue ? Olé. Faena. Mais pour l'évitement, faudra repasser... Ou alors à hauteur...

Antoine a dit…

Il est sûr qu'il va falloir aller à la corne, fut-elle d'un Springbok et non d'un Miura.

Seb en Ovalie... a dit…

Remonte et valse,à contre-temps dans ma mémoire ces mots du grand Jacques "Les toros s'ennuient le dimanche,quand il s'agit de mourir pour nous...".Moins aficionados des mises a mort en paso doble que de la "Danse avec les loups".

Ritchie olé olé a dit…

Il faut avoir vu la bête, une fois dans sa vie. A hauteur de cornes. Drôle d'expérience dans l'arène de Valencia. Des sueurs froides. Insconcient. Au milieu des fondus. Ils lachaient de jeunes taureaux le soir et attachaient la bête à un piquet, je ne me rappelle plus bien le nom de cette fête, mais c'était énorme. Coursé par un taureau, ça doit valoir une demi-douzaine de Schalk Burger Jr en pleine poire... Jamais transpiré comme ça, sueur froide je vous dis... Alors respect total. Et pour ce qui est de lutter face à la bête, quelle noblesse ! On nepeut pas juger de la tauromachie qui on ne descend pas dans la psyché des peuples du bassin méditerranéen, cette permanence de la mythologie, ce retour aux fond des âges. Désolé pour ceux qu'une mise à mort révulse. Pensez à Picasso !

matthieu qui croise a dit…

Un sudaf au rugby est plus toro que springbok.

Rosa Puente a dit…

A trois ans, mon grand-père m'emmenait à los toros au lieu du cinéma,(c'est le seul animal del cortijo que on ne pouvait pas aprocher, il etait le roi!)à quinze ans, j'ai fait ma crisse et milité contre les corridas, mais a 22 ans je me suis laissé convaincre par mon père pour voir une novillada, et là, voir le vissages de ces jeunes toreros m'a réconcilié avec la fiesta. Mais je préférerais qu'on ne touche pas trop aux cornes des toros.

Juanito a dit…

Farouchement et définitivement contre.



Depuis le temps que je patiente
Dans cette chambre noire
J'entends qu'on s'amuse et qu'on chante
Au bout du couloir
Quelqu'un a touché le verrou
Et j'ai plongé vers le grand jour
J'ai vu les fanfares, les barrières
Et les gens autour

Dans les premiers moments j'ai cru
Qu'il fallait seulement se défendre
Mais cette place est sans issue
Je commence à comprendre
Ils ont refermé derrière moi
Ils ont eu peur que je recule
Je vais bien finir par l'avoir
Cette danseuse ridicule

Est-ce que ce monde est sérieux ?
Est-ce que ce monde est sérieux ?
Andalousie, je me souviens
Les prairies bordées de cactus
Je ne vais pas trembler devant
Ce pantin, ce minus !
Je vais l'attraper, lui et son chapeau
Les faire tourner comme un soleil

Ce soir la femme du torero
Dormira sur ses deux oreilles
Est-ce que ce monde est sérieux ?
Est-ce que ce monde est sérieux ?
J'en ai poursuivi des fantômes
Presque touché leurs ballerines
Ils ont frappé fort dans mon cou
Pour que je m'incline

Ils sortent d'où ces acrobates
Avec leurs costumes de papier ?
J'ai jamais appris à me battre
Contre des poupées
Sentir le sable sous ma tête
C'est fou comme ça peut faire du bien
J'ai prié pour que tout s'arrête
Andalousie, je me souviens

Je les entends rire comme je râle
Je les vois danser comme je succombe
Je pensais pas qu'on puisse autant
S'amuser autour d'une tombe
Est-ce que ce monde est sérieux ?
Est-ce que ce monde est sérieux ?
Si, si hombre, hombre
Baila, baila

Hay que bailar de nuevo
Y mataremos otros
Otras vidas, otros toros
Y mataremos otros
Venga, venga a bailar...
Y mataremos otros

Seb en Ovalie... a dit…

M'est arrivé de tendre l'oreille aux ondes hertzienne pour découvrir ce "spectacle" culturel.Ah la corrida sur Canal Plus,Albaladejo au commentaire,à la sauce Couderc en terre promise!Ou au temps jadis de l'ORTF un Manolo Vasquez (frère de Pepe)doré dans l'arène version "Je suis une légende".

rugbymane a dit…

La corrida, avant tout de l'art, un art vivant, absolu, régi par des codes, l'art d'une forme de désir porté à bout de souffle jusqu'au coup de grâce final, lequel devrait toujours être évident comme la grâce, mais ne l'est pas toujours, on ne voit pas non plus que de grands films, lit-on uniquement de grands romans d'ailleurs, bref dans la vie c'est la même ( et quand on brandit l'excuse de la cruauté, moi je me souviens de cette fois où j'ai accompagné Papa qui ne voulait surtout pas que je vienne, aux abattoirs de la Langonaise, franchement celles et ceux qui trouvent la corrida cruelle, ils en ont le droit comme de ne pas l'apprécier, je les emmène quand ils veulent, encore que rien que d'y re songer mon cœur me saute trois battements) tout n'y est pas que grand théâtre...Cet art, il ne s'agit que de cela, peut être perçu comme un jeu cruel où l'homme, cet artiste, surtout pas la marionnette ridicule de Cabrel ( je l'aime bien Cabrel mais quand il est le Randy Newman français, pas lorsqu'il sous dylanise à bon compte!) auquel il ne faudrait surtout pas ôter à la va vite tout le courage et le talent que telle pratique requiert, bref où l'homme joue sadiquement avec un animal, il n'en est rien, de toute façon même si ( c'est pour moi du grand art je le répète) même si ce n'était qu'un jeu, aussitôt je pense à la phrase du vieil Ernest " tous les jeux sont cruels quand on perd."

juanito a dit…

Le jour où ne rentreront plus ces piccadores chargés de détruire physiquement ces animaux, là d'accord... Peut-être ..
Lorsque l'on voit ces individus remettre le couvert encore et encore jusqu'à ce que la bête soit suffisamment chatiée pour n'offrir qu'une résistance moinde.
Que les chances soient au moins équivalentes...
Où alors que ces matadors et autres assistants entrent dans l'arêne avec une jambe dans le platre.

Rosa Puente a dit…

Le picador... c'est le plus sifflé de la plaza et le moins aimée des aficionados! Tout le monde le deteste!

Et le foie-gras?
Ce n'est pas plus cruelle comme on gave des oies?

Et la viande de toro ça se mange...

pierrot la tombal a dit…

Moi j'aime la corrida comme on aime le rugby.
Pour la grâce
Pour le sang
Pour la peur
Pour l'engagement
Pour les couleurs
Pour la musique
Pour le feu
Pour la mort
J'aime la corrida tout naturellement...
Parce que je respire,
Parce que je transpire,
Parce que je pisse et m'ébroue,
Parce que je suis un survivant,
Parce que je suis mortel évidement...

Juanito envie de vomir a dit…

Que c'est beau !!
Admirable
Courageux

http://www.youtube.com/watch?gl=FR&hl=fr&v=N9EjWES7aXs

Ritchie à fond a dit…

Ah que je l'aime la Comme Fou quand elle nous donne des tranches à lire de cette qualité...

cds a dit…

"Musique pour les yeux de l'âme et pour l'oreille du coeur."
J'entends que le matador doit étendre sa capacité de voir au-delà de celle proposée par les organes physiques, placés dans les cavités crâniennes, il doit avoir des yeux sur tout son corps, et c'est précisément en ceci que ce sont les yeux de l'âme, des yeux qui pour n'être pas matériels n'en développent pas moins une étonnante faculté de voir bien réelle. Cela apparaît à l'évidence lorsque le torero tourne délibérément le dos à l'animal et entame une petite marche fière et lente, qui peut paraître provocante pour le public, mais qui ne l'est jamais pour le toro. Car pour que s'accomplisse ce geste de détachement suprême, doit se jouer en lui et pour lui une petite musique, sa petite musique de nuit intérieure, née au plus profond du silence accompli par l'oubli de soi, l'oreille du cœur n'étant autre que celle du courage, laissant entendre son air mélancolique et gai seulement à ceux qui atteignent le seuil de leur propre finitude.

Juanito olé a dit…

C'est vrai qu'ils ont des couilles ces matadors, et qu'ils les exhibent volontier.
Petite question : au moment de l'acte suprême, ont-ils une petite érection ?

rugbymane a dit…

oh c'est moyen ça Juanito, bon c'est entendu tu goûtes peu l'art tauromachique, mais ce genre de petite pique ( car hé oui ami dylanomane, une belle addiction je te l'accorde, pour le coup c'est toi notre picador),bref, ça me rappelle certaines des douces insinuations, et celle préférée entre toutes, de mes potes farouchement "no sport" du Lycée Carnot chaque lundi pour peu qu'un cocard... "alors Ben une étreinte délicate? T'as encore glissé sous la douche." reste que ça nous faisait rire, et puis qu'on ne peut pas "disputer" goûts et couleurs entre amis. Mais sache, c'est un petit fils d'éleveur qui parle ce coup-ci, sache donc que sans tauromachie cette race bovine longtemps qu'elle aurait disparue...

Ritchie all black a dit…

Tous les dégouts et les coureurs sont dans la nature. Ben et Juanito, effleurés mouchetés ; Finalement, bien plus fort qu'une cassure droite-gauche notre histoire.
Une fois me suis retrouvé avec un ami biterrois, Philippe Vachier, demi de mêlée de l'SB. Invité à marquer les bêtes, petites vachettes à la corne raide et pointue. Je lui ai d'ailleurs sauvé la vie ce jour-là en le sortant de l'enclos dans lequel il avait glissé, bref, des histoires d'amitiés comme il en existe plein. Et en fin de journée, visite dans une ganaderia. Et là, approche du taureau, pour la première fois de ma vie. A quelques centaines de mètres. Son regard, quand il nous a fixé. Il nous avait senti. Ce regard noir. Grand moment. Et de nombreuses années plus tard une descente dans l'arène au milieu d'afficionados, d'écarteurs... Depuis, mon regard sur la tauromachie s'est enrichi. Il y a comme une permanence des âges très anciens, l'homme et la bête. Et de toute façon, c'est al bête qui gagne, à cause des artifices de l'homme. Et ça on le sait. Mais elle meure leurrée. Et c'est notre toute petite revanche pour n'être pas fort. Comme un taureau.

Juanito a dit…

Le combat est trop inégal et perdu d'avance.
Ces exhibitions me font mal au coeur.
Abrutir un taureau pendant 24 heures dans le noir avant de le lacher dans la lumière, au milieu d'une foule hurlante, pour que ce dernier ait la peur au ventre ...
Quand à l'extinction de la race, il y a d'autres moyens entre les mains des éleveurs eux mêmes.Ce n'est pas la peine d'envoyer ces animaux se faire massacrer au milieu d'une foule en délire. C'est un acte de barbarie pur, simple et indigne.
C'est marrant ta phrase sur la disparition prévisible de ces animaux si cette tauromachie n'existait pas .. c'est exactement les mêmes arguments qu'ont les chasseurs vis à vis du gibier... Cela me fait marrer.

Juanito a dit…

« J'avais été fortement impressionné, ce dimanche de juilllet 1956, où j'assistai à ma première et seule corrida.
Je venais d'assister, non pas à un drame, comme me l'avait fait penser la brochure mais à une tragédie. La tragédie de la vie? Non ! La tragédie de la déchéance puis de l'anéantissement, en quelques minutes, des bêtes puissantes et magnifiques, nobles, braves, en possession de tous leurs moyens, abêties par des techniques psychologique et physiologique longuement mûries et mises au point. La technique des claques et du phare aveuglant en plein visage et des châtiments corporels sans préparation préalable.
Comprenez moi bien : je ne défend pas le taureau, je défend l'homme en ce qu'il a de plus homme. Je me bats contre ce qui le rabaisse vers l'animalité, ce qui le rend moins homme. Quelle est donc la loi de l'arène, si ce n'est la loi du plus fort, qui est toujours celle de l'homme..
. Les aficionados pourront toujours affirmer qu'ils respectent le toro. C'est se donner facilement bonne conscience. S'ils le respectaient, ils n'en feraient pas un objet de loisir, qu'on peut martyriser, torturer, pour lui donner en finale, la mort.
Nombreux sont ceux pour lesquels l'animal est un être inférieur, un objet, un matériel de profit, d'expérimentation ou de loisir.
Nos religions ne nous ont-elles pas apprises qu'il n'a pas d'âme !
Et nous voilà en plein racisme, celui des hommes à l'égard des animaux... »


Paul-Emille Victor.

Seb en Ovalie... a dit…

Aficionados de la comme fou quand elle est "Fast and furious",ça relance dans tous les coins!Mon coeur penche plus vers Juanito notre homme "Sans arme,ni haine,ni violence",je suis au soutien.Bon avec tout cela les gars pas besoin de lettre de Guy Moquet en plus pour être bien chaud vendredi!Je crois que la couenne semble prête,le poil sera luisant à la Marseillaise et la tête baissée regard noir,nous aussi,nous foncerons "Entre les murs".

Juanito ouf a dit…

Ahhhhh
Enfin ... me sentais un peu seul :)))

matthieu a dit…

Aujourd'hui on annonce que le "Sniper de Washington" a été exécuté. Là comme à la corrida, peut-être que si on n'a pas vécu la chose de l'intérieur, comme la famille, on ne peut pas comprendre leur comportement. En l'occurrence je me demande comment on peut assister à l'exécution d'un homme. Et pour la corrida, il y a un excès de fierté qui me dérange.

Sinon, il semble que les joueurs et tout le monde soient confiants. Je ne sais pas trop à quoi m'en tenir pour vendredi, car en face ce n'est pas rien. Ca vous roule et compresse, ça moissonne et bat la machine.

Juanito a dit…

Roméo le Taureau
On dit que la corrida est un spectacle, qu’elle est une sublime tragédie théâtrale.
Mensonge … Le jour où le taureau viendra en taxi aux arènes pour jouer avec le toréador la scène dont ils auront convenu ensemble, quand le taureau se relèvera à la fin pour saluer, empochera son cachet et s’en ira dîner au restaurant avec ses amis, on pourra parler de spectacle, de tragédie théâtrale. La grandeur du théâtre, c’est que tout le monde joue à croire pendant deux heures à la réalité des personnages et de l’histoire. C’est une invention de l’auteur, des comédiens et du public. Une bande de primates applaudit parce que le héros meurt vraiment. Comme si le reflet d’un costume à paillettes, un peu de musique vulgaire et l’odeur du sang valaient qu’on renie ces quelques précieux atomes de compassion que les siècles ont péniblement déposés au fond de nous.

Charlie-Hebdo

Juanito No Pasaràn a dit…

« Le public, avec l'ignoble satisfaction de ceux qui, étant en lieu sûr, jouissent du péril d'autrui,
acclamait et stimulait ce casse-cou »
« La Bravoure de la première bête et l'hécatombe des chevaux avaient mis le public en belle humeur. »
« Le matador expose sa vie pour le plaisir du peuple. »
« Les estocades, écartelées par les coups de tête, se perdaient en l'air sans jamais réussir à atteindre le
but. Le public s'impatientait, sifflait, insultait le matador. Celui-ci, trempé de sueur et fourbu, avait profité
d'une occasion pour en finir par une estocade porté traîtreusement dans le cou, au grand scandale de la foule
qui lui avait jeté des bouteilles et des oranges. Boucher! Vendu! hurle alors la foule, confronté avec l'horrible
boucherie et qui ne pardonne pas au matador de lui montrer un spectacle avilissant qu'elle ne peut pas
sublimer. »

Vincente Blasco-Ibanez

Tiger au soutien de Juanito a dit…

Comme ma soeur Anne montant sur le haut de la tour, je ne vois rien venir à la suite des arguments de notre Juan-Carlos national. Serait-ce qu'il aurait réussi à rallier tous les esthètes de la chose tauromachique à son étendard? J'en suis tout ba...rbe bleue.
Ce qui amène tous ces gens dans les tribunes, c'est un sentiment au fond très humain: la curiosité. Et l'on en revient à Barbe Bleue et monsieur Perrault...

Juanito a dit…

Mais une fois cette curiosité malsaine assouvie, pas besoin de remettre le couvert non ? C'est toujours le même scénario, çà ne change pas d'une arène à l'autre, d'un pays à l'autre.
Curiosité assouvie, tauromachie finie et youpi !!!

Pascalou a dit…

Pouf... Aucun espoir de clore le débat d'ici ce soir !
Tout est une question d'empathie : soit on se met à la place du toro, et je pense que ça doit plutôt lui casser les cojones qu'autre chose, soit on se met à la place du torero et on comprend que celui qui transforme sa peur en héroïsme et son anonymat en gloire peut devenir accro à la chose, et faire rêver ceux que ça intéresse.
De même qu'au rugby ce qui soude une équipe de gamins, et crée des amitiés "pour la vie" dès la pré-adolescence, c'est cette trouille qu'on éprouve ensemble avant les matches, le partage de ces sensations intensissimes, de même la tauromachie fascine acteurs et spectateurs à cause de la vraie émotion contenue dans le combat. Mais comme dans ses antécédents historiques (les jeux du cirque) ou ses avatars contemporains (les émissions de "télé"réalité"" par exemple, je pourrais étendre l'analogie à certains spectacles sportifs...) ce qui gêne dans cette pratique ce n'est pas tant ce qui se passe "sur le sable" et que beaucoup pourraient comprendre, ou accepter, ou tolérer au nom de la passion et de l'engagement total du torero, ce qui gêne donc, c'est la publicité du truc, c'est ce qui transforme une pratique initiatique qui change celui qui s'y engage au plus profond de sa personne en spectacle dont se gobergent quelques milliers de voyeurs, (et aussi sans doute quelques dizaines de passionnés et/ou pratiquants).
Voilà pourquoi je ne vais pas dans les plazas.
Mais je ne déchire pas non plus les affiches.
Je dis que l'angoisse que j'éprouve au moment d'accompagner, en spectateur, les "exploits rugbystiques" de mes enfants et de leurs camarades sont de la même veine émotionnelle que celle des afficionados, pour qui la tauromachie n'est pas un spectacle mais une partie de leur vie. De même que le plaisir du rugbyman sur le terrain est dans le vrai combat qu'organise ce jeu, la passion qui existe autour de la tauromachie est une des expressions de ce besoin de revenir à des émotions primaires et indispensables.
Et le taureau dans tout ça ? ben c'est une victime, comme le lapin, la vache ou pas mal de nos semblables sur cette planète. Je soutiens (ou milite à l'occasion pour) les associations qui portent assistance à la dernière catégorie...

Ritchie en vol direct a dit…

J'attends l'entrée en scène de Léon, suivie d'une relance de Benoit et d'une belle faena signée Rosa...
En attendant je savoure. La tête dans le guidon, entre Parra, Dusautoir et compagnie. D'autres toros les attendent vendredi. Avant Air France...

Juanito en révolte totale a dit…

Pascalou ...
Sa peur en héroïsme ???
Mais comment peut-on parler d'héroïsme face à cette barbarie sans nom ? Comment peut-on parler d'héroïsme face à cette souffrance qu'endure cet animal ?
Non Non et Non.
Mets le taureau face à un peloton d'exécution et tire lui rapidement 12 balles dans la tête. Pour qu'il ne SOUFFRE PAS. Et crois moi, les aficionados se lasseront vite de ce genre de spectacle.

Juanito a dit…

Et pour ce qui est de la comparaison entre la tauromachie et le rugby :

Le rugby [tout comme le judo] est un sport de combat avec un respect ô combien sincère de l'adversaire.

La corrida est une confrontation inégale entre une personne et un taureau qui tombe dans un piège, de ce duel il ne sort jamais vainqueur, car pour arriver a ses fins l'homme affaiblit l'animal à coups de piques et lui sectionne les veines. Quelle lâcheté !!

Walter Spanghero

cds a dit…

J'ai rarement entendu que l'on s'insurgeait contre la souffrance des homards pourtant découpés ou ébouillantés vivants afin qu'ils conservent toute leur saveur…
Tu ne manges jamais de homard Juanito?
Je précise que je ne suis ni pour ni contre la corrida, ce n'est pas mon combat, je crois que j'aime les animaux pour les avoir côtoyés et fréquentés pendant mon enfance en Corse notamment, et je ne supporte pas que l'on fasse souffrir un animal gratuitement, et la manière dont le capitalisme extermine les animaux dans les abattoirs après les avoir empoisonnés de farine animale, est bien plus révoltante que l'épiphénomène cultuel et culturel de la corrida, et j'aurais plutôt tendance à avoir plus de respect pour un toréador qui met sa vie en jeu que pour le comptable ou l'employé d'une des filiales de l'industrie agro-alimentaire qui ne veut rien savoir de comment ça se passe, l'économie de la bouffe animale… Là c'est un combat prioritaire. Là commence le respect de l'animal. Y compris lorsqu'il faut le tuer.

Juanito a dit…

Ben non ... le homard c'est pas cachère, j'ai de la chance hein ?
Tout comme les huitres d'ailleurs . Interdit et oui ..

cds a dit…

Tiens Juanito, d'ailleurs il y a un an ou deux, pour soutenir le combat de Madame Benchetrit (psychanalyste et féroce ennemie de la corrida entre autres…) je lui avais posté cette note retrouvée dans mes carnets, du temps où Sloterdijk n'avait pas encore dévalé dans un néo-libéralisme douteux…
« La douleur, à elle seule, ne donne de droits à personne, ni aux hommes, ni aux animaux. Dans la plupart des cas, on pose la question du “droit” lorsque l’on veut agir pour sortir de l’impuissance. Celui qui veut savoir si les animaux ont des droits demande donc aussi, indirectement, si les animaux peuvent se venger. Parce que les animaux domestiques et utiles des êtres humains sont impuissants, et ne sont même pas en mesure de symboliser leurs souffrances, ils vivent au-delà du ressentiment et en deçà du droit. Les animaux ne constituent pas de partis réformateurs, pas de mouvements de libération, pas de groupes clandestins révolutionnaires. Il ne se réfèrent pas à des droits. Ils souffrent lorsqu’ils souffrent; ils jouissent lorsqu’ils jouissent; leur tourment n’a, en soi, pas de superstructure. Ils ne peuvent pas préparer de Nations unies des animaux.
Et pourtant, les animaux sont aussi et surtout des créatures souffrantes. Etre souffrant, cela signifie exister à partir d’un excès de vulnérabilité. Les animaux supérieurs partagent avec les êtres humains l’aventure neurologique de l’ouverture au monde. Ils sont certes “pauvres en monde”, comme dit Heidegger, mais leur pauvreté est suffisamment riche pour regrouper des rencontres, des fuites, de la curiosité, de la gaieté et de la douleur. Lorsque l’on plaide pour les droits de l’animal, il faut d’abord avoir une idée du risque que constitue le fait d’être un animal et d’avoir un environnement, peut-être même un monde. Le risque d’être dans le monde ou dans un monde est la source de la dignité. On ne peut pas le dénier aux animaux supérieurs. Quiconque parle de dignité humaine en sachant ce qu’il dit parlera aussi, tôt ou tard, de dignité animale.
Anima MundiSi la souffrance en tant que telle ne donne pas de droits à celui qui souffre, c’est parce que la transition entre les dignités et les droits n’est ni claire, ni directe. Celui qui a les premières ne possède pas pour autant les seconds. Par “droits” nous entendons ici la faculté de se défendre soi-même dans une querelle ou d’envoyer un défenseur. La défense est l’organisation des moyens de pouvoir dans le cadre d’un conflit d’intérêts ritualisé - par exemple devant un tribunal ou un parlement. Au fond, la question de l’existence des droits de l’animal est la suivante : Comment devons-nous nous figurer la défense des animaux ? Comment pouvons-nous conférer une voix à des créatures qui ne parlent pas ? De quelle manière les animaux peuvent-ils devenir des mandants qui envoient leurs avocats dans l’arène des conflits d’intérêts ?
Les droits de l’animal ne peuvent donc être pensés que comme un droit à la défense…

cds a dit…

… (suite)
Le problème particulier de la réprésentation de l’animal tient au fait qu’il s’agit ici de la réprésentation d’un mandant faible, qui n’est pas capable d’organiser une lutte des classes ou une lutte des espèces.
La manière dont on peut penser la défense de l’animal dans l’espace de droit de la civilisation n’est dans un premier temps, de mon point de vue, décelable que dans le modèle de la tutelle. De la même façon que les parents exercent une tutelle sur leurs enfants et les tuteurs sur leurs pupilles, les hommes peuvent et doivent, dans le rôle d’avocats des animaux, assumer pour leurs clients muets et faibles des fonctions de tutelle. La défense des animaux par les avocats humains doit cependant être émancipée de tout présupposé sentimental; la défense efficace ne découle pas tant de l’amour fortuit pour ce que l’on défend que de la compréhension de la qualité particulière de la relation entre l’avocat humain et les clients animaux.
Parmi ceux-ci, les animaux domestiques prennent un position dominante et, dans leur cas, la perversion des relations industrielles modernes entre l’homme et l’animal apparaît avec une singulière cruauté. Ce n’est pas un hasard si c’est autour d’eux que tournent les scandales des derniers mois et des dernières années. Les principaux animaux domestiques et utiles ne sont liés à l’homme que depuis cinq à huit mille ans - c’est à dire depuis peu - et constituent depuis avec celui-ci une communauté de domestication à risque. Les progrès accomplis dans l’autodomestication de l’être humain sont liés de manière fatidique, au cours de cette période, à l’histoire de cette domestication des animaux utiles sauvages. L’assimilation par apprivoisement à l’environnement humain à fait perdre aux animaux domestiques la faculté de survivre de manière autonome dans les environnements naturels. Dès lors, comme les hommes, ils sont tombés dans une dépendance radicale à l’égard du soutien culturel. De cette codomestication culturelle jaillit - sans le moindre sentimentalisme - la nécessité de défendre soi-même, de manière sensée, les créatures vivantes devenues dépendantes dans la culture.
Inutile de dire que les hommes ne perdent rien à apprendre à donner une forme plus explicite à leur situation conviviale fondamentale avec les animaux domestiques et utiles, forme pouvant aller jusqu’à une pure et simple Déclaration des droits de l’animal.
Les hommes deviennent adultes lorsque, dans la relation avec leurs semblables, ils cessent de prendre constamment la position de l’exploiteur et du mineur. S’ils veulent devenir adultes, il faut qu’ils assument le rôle de tuteurs à l’égard des enfants et des faibles dans le groupe humain. Aujourd’hui, nous savons mieux que l’utopie de l’homme adulte regroupe aussi la relation avec les animaux qui, en tant que produit d’apprivoisement de la culture humaine, dépend d’une cohabitaion avec nous.
Il ne s’agit pas de faire suivre à l’avenir des thérapies de groupes communes aux hommes et aux animaux domestiques, il ne s’agit pas de projections humaines sur les animaux; il ne s’agit pas de créer une internationale sentimentale. ce qui est en jeu aujourd’hui, dans le processus de la civilisation homme-animal, c’est la passion du devenir-adulte et l’aventure de la tutelle sur la vie dépendante. Etre adulte, cela signifie vouloir devenir dépendant de ce qui dépend de nous. Dans une société de mauvais enfants, les adultes sont les derniers nobles. A eux, inutile d’expliquer dans quelle mesure l’homme est un gardien - sinon de l’être, du moins de la descendance, des animaux, des signes, de la culture ».
(Peter Sloterdijk - Le monde des débats n°26 - juin 2001)

pierrot la tombal a dit…

Ne serait-ce pas là une discussion de sourds?
J'apprécie la corrida, mais je n'ai pas la moindre envie de la faire aimer à ses détracteurs...Et je pourrais aller chercher moult citations et autres textes de gens illustres pour imager la passion et la beauté de mon intérêt...
Cela ferait-il avancer les choses...?
J'aime la corrida! Pour faire cesser mon vil penchant, vous serez obligés de me crever les yeux, de me casser les genoux ou plus simplement de me mettre à mort. Et pour que je goûte un peu plus à ce moment délicat.
Tranchez moi les oreilles!
Et surtout, oui surtout, n'oubliez pas la queue...

Snödroppe/Sophie a dit…

Voilà bien un truc, la corrida, qui me laisse complètement indifférente...boudiou...vais pas me prendre de picadillos [ça doit pas être le bon mot...les trucs piquants enfoncés dans le taureau...] j'espère!
Ni pour, ni contre. Je ne connais pas. Et je me dis qu'il y a bien assez de trucs fantastiques sur terre pour ne pas aller vers ce qui ne m'attire pas du tout...Et là, j'ai vraiment du mal...
Cela dit, ça m'est arrivé de finir par m'intéresser à un truc simplement parce que somebody m'en a parlé avec passion...so...

Antoine a dit…

Je suis sûr que Nivelle et Joffre détestaient la corrida...

Antoine a dit…

Et tant qu'à critiquer la Corrida, plutôt Brel que Cabrel.

Perso, j'avoue être abonné à Terres taurines...

Gilles2 a dit…

Pour ou contre, comment les/vous départager? une petite phrase, ni de Bergamin ni de Durand, mais de Marmande, je crois, à savourer, et dans laquelle chacun trouvera son argument : "Une corrida qui n'a pas eu lieu n'en est pas moins intéressante pour autant"...

Ritchie relanceur a dit…

Voilà comment on aime la Comme Fou. Des posts brefs, de longs commentaires, des pour et des contre, des pro et des anti. De quoi s'enrichir. Mais pas de prosélytisme. En attendant, à l'avant-veille de Coq-Springbok, de quoi ergoter, non ?
Au fait, toutes ces nations qui utilisent un animal comme emblème.. Quel serait le pays du taureau ?

Gilles2 a dit…

Va savoir cher Ritchie, mais le meilleur partenaire (à la "corne") du taureau, c'est le scorpion... Et je peux en témoigner! Comme quoi, rugby, littérature, corrida, musique, amour, table... tout ça va bien ensemble.

pierrot la tombal a dit…

En parlant de corrida!
Lire le livre de Léon
"La corrida du 19 mars"
Belle et émouvante métaphore taurine sur le mal et la muerte qui emporta sa mère...
Une splendeur aux magnifiques illustrations.

G.E. a dit…

Je ne peux pas être pour, car je n'aime pas faire souffrir les animaux; peux pas être contre, de quel droit juger un aspect culturel d'un pays qui n'est pas le mien? Néanmoins, je comprends Juanito, certains aspects de la pratique sont assez révoltants...

Et si on parlait des ours danseurs de Pakistan?

G.E. a dit…

Ou de l'Inde?

rugbymane a dit…

oui d'accord avec toi Pierrot, toute ceci menace de virer au dialogue de sourds...une fois que chacun et chacune a dit que...soit "oui da la corrida", soit "non oh non la corrida, on y tue des gens déguisés en vache elles mêmes déguisées en pleurs", bref, et chacun ou chacune ses arguments avancés, il faut juste se quitter bons amis...oui perso du Mazz, Léon quoi, ces "femmes de soie" aussi et "les nouvelles de l'aube" à la table ronde...pour ce qui est de Samedi...pour une fois je m'accommoderais du manque de manière et de la triste façon de nos bleus à pareille époque, pour vu qu'on rentre dans le lard de ces...bref de cette équipe que je déteste...comme leur pays, du reste, la nation arc en ciel, du flanc...lisons leurs écrivains et leurs écrivaines pour comprendre que...bref

Gilles2 a dit…

Ainsi donc, Léon serait celui des amantes de passage... 7 novembre et 8 novembre, grand sud-ouest et grâce flamenca, tant d'autres choses encore, comment se fait-il que nous ne nous soyons pas (ou plutôt si mal) rencontrés?
Manolete, un jour où il faisait si chaud qu'il semblait que la Giralda allait se tordre comme un cierge au soleil, voulut, à la Maestranza, ôter sa veste chamarrée.
Scandale, concert de coussins, de mouchoirs et d'éventails... Manolete toréa ce jour-là avec sa veste chamarrée. C'est que Séville ne tolère pas l'inélégance, qu'elle a toujours préféré l'allegria à la faena...

Juanito a dit…

GE : il y a quelques aspects culturels où traditionnels de certains pays où ethnies dans le monde que je réprouve au même titre que la tauromachie....

Ritchie d'attaque a dit…

Gilles, la partenaire de mon scorpion à moi est une Vierge, folle et sage. Janusienne. Et parfois contre ce qui est pour. Comme à la Comme Fou.
Allez, ceci clos le débat pasionné, passionnant, passionnel.
Hum, hum... bise à tous et toutes.
je me suis régalé.

Léon a dit…

¡Olé!