Fait froid dehors Et ce n'est pas parce qu'on va fermer la porte qu'il fera moins froid. Dehors. Moi, de toute façon, j'effroi à l'intérieur.
A Berlin le camion détruit vies et marché. Mais partout le marché détruit des vies. Les partants ne sont pas remplacés. Des pans de culture disparaissent.
Dehors personne n'ose plus sortir. S'ouvrir. Chacun s'enferme. Dans ses convictions. Devant sa cheminée mentale.
Au plus glaçant j'ouvre "Abattoir 5", bijou cruel et lucide. Cadeau de Noël avant l'heure. Après Berlin Dresde. Explosée. Kurt Vonnegut mixe L.F. Céline et J.K. Toole. Effroyablement éclatant.
Prévoyez quatre heures devant vous et voyagez sidéralement. "Abattoir 5" traite avec verve, maestria et dérision maint sujets qu'il découpe et colle : mort, temps, vie, amour, folie, violence, que sais-je encore...
Extrait : "J'ai fait comprendre à mes fils qu'il ne leur est, sous aucun prétexte, loisible de prendre part à des tueries et que la nouvelle de l'exécution d'ennemis ne saurait leur procurer ni satisfaction ni jubilation d'aucune sorte. Je leur ai imposé de ne pas travailler pour des maisons qui fabriquent les instruments d'extermination et de manifester leur mépris envers ceux qui estiment que nous avons besoin de tels engins."
Et puis, entre nous, un ouvrage dont l'auteur, qui se considère statue de sel, écrit qu'il "est raté", texte qui commence par : "C'est une histoire vraie, plus ou moins" et se termine par : "Cui-cui-cui ?", ne peut pas être tout à fait mauvais.
8 commentaires:
Ben moi quand il fait froid - très froid même - je cherche un doudou de lecture plutôt, un truc que tu peux lire sans prise de tête et les pieds au chaud et qui t'ouvre l'esprit : tiens y'a "folle sagesse" avec les poèmes de Christophe, quand il parle d'horizon moi j'ouvre les yeux et ça m'ouvre l'âme . Ou alors je relis pour la énième fois n'importe quel Jane Austen, cent fois lus et relus j'y suis comme à la maison . Cosy .
Pas question d'aller me mettre la rate au court bouillon avec des abattoirs, rien que le titre ça me dit déjà "sauve toi ! " . Et puis je l'ai déjà lu d'abord . Et ça m'avait fait ce que tu expliques si bien Ritchie, une trouille bleue glaciale .
Pour en revenir à Berlin, après les attentats de Novembre à Paris j'ai lu que les gens se précipitaient sur le bouquin d'Hemingway "Paris est une fête" ...pas sûr qu'ils iront lire "Berlin Alexanderplatz" de Doblin .
Devant l'horreur c'est de chaleur humaine dont nous avons besoin, instinctivement l'Hemingway s'est imposé, pas un grand livre pourtant mais un beau livre, rassurant sur l'espèce humaine, un livre qui nous dit que les gens sont capables d'amour ... aussi .
Après Berlin on peine à trouver des repères peut être un ici ? http://www.travel-studies.com/blogs/christmas-card-joe-strummer
C'est la dernière carte de Noël peinte par Joe Strummer, quand ses amis la reçoivent il est déjà mort, ils ne le sauront que plus tard, mais son message demeure, un radeau lumineux à la recherche d'autres feux de camp . Notre humanité mise à mal est ainsi toujours en recherche d'autres lumières, d'autres feux de camp pour se réchauffer, pour se réinventer .
Joyeux Noël à tous .
Je comprends, Gariguette. C'est juste qu'Abattoir 5 est un cadeau de Noel (déjà fêté en famille) avant l'heure, et que dans les moments de dérive planétaire, j'apprécie les lignes folles mais lucides, tout ce qui n'est pas loin de la vérité nue.
Bonne fête
Le grand Kurt, pfioulàlàlàlà...cui-cui-cui...mais pas recuit, ce soir le dîner, hein. La moindre occasion de se réjouir est bonne à prendre, alors place aux réjouissances et passez de bonnes fêtes les zamis...
En ce temps de Noël, cette vidéo de Lennon, restée (froidement) de fiction pour longtemps encore, à Berlin ou ailleurs.
https://www.youtube.com/watch?v=yN4Uu0OlmTg
@Sergio : as-tu lu le 8 de Christophe ?
"Une trêve
Dans l'aube distillée
Des roses et des plaies"
Incroyable comme vous êtes en phase tous les deux en ce moment ...j'espère que tu vas continuer à écrire des poèmes .
Pour rester dans la poésie
https://www.youtube.com/watch?v=1LIpWAg-x-s
Elfie
Tant qu'on tue... le temps de cette manière, no souci
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