J'aime Louis-Ferdinand Céline. Nord. Voyage au bout de la nuit. Mort à crédit. Guignol's Band. J'aime l'auteur, ce génie comme il y en a deux : lui et James Joyce. Mais pas le docteur Destouches. Mitterrand (François, hein, pas Frédéric qui, lui, n'aime que les enfants) adorait Pétain, portait la Francisque, collaborait à Vichy et n'a pas écrit une ligne digne de ce nom. Mais une bibliothèque garde son nom. Céline n'honore même pas une école primaire. Cela dit, on s'en fout, il est à la postérité. L'homme est un salaud, mais pas plus qu'un bon million de nos cons citoyens sous l'Occupation. Ne pas commémorer Céline ? Assez pour enflammer les tenants de la thèse du lobby juif. Pensons aussi à détruire Bayreuth et faire un brasier des ouvrages de Brasillach, Amado, Heiddeger, Gide, Kadaré, Marx, Moravia, Bernanos, Drieu la Rochelle, Guitry, Malaparte, Valery, Aragon, Genet, Borges ; à retirer de la vente l'excellente "Histoire de la musique" de Rebatet, à effacer les enregistrements de Karajan, déchirer les partitions de Chostakovith... Erradiquons toute trace des artistes qui ont fricoté avec des dictatures. Nous v'là dans d'beaux draps !
27 commentaires:
Faut pas confondre Louis Destouches, Bardamu, et Céline, l'auteur des pamphlets...
Pas faut, l'Antoine. C'est bien ce qu'est le plus difficile pour la plupart de nos contemporains. Et les plus illustres.
Salut Richard,
Je ne suis pas l'anonyme mais je partage assez son commentaire. Même s'il est difficile de séparer l'homme de son oeuvre, on ne peut nier l'importance de celle de Céline.
Le tort de la brochure incriminée est sans doute de parler de célébration et non de commémoration. Commémorer, c'est garder en mémoire, pas seulement le bon grain mais également l'ivraie.
Effectivement, c'est bien ce dont nous parlons tous... pourquoi ne remplacerions nous pas Fred Mitt ? Ah, parce qu'il faut rentrer dans ce gouvernement. Sorry. J'avais pas percuté...
Tiens, j'ai lu que même Françoise Giroud écrivait des lettres anti-sémites à JJSS tellement elle était dégoutée qu'il l'ait larguée...
En fait, y'a du dépit amoureux dans tout ça, non ?
Giroud antisémite? Serait-ce du masochisme..? Moi aussi j'adore Céline
(et ai adoré plus que de mesure une Céline qui lui devait son prénom, mais
ceci est une autre histoire...), mais "Bagatelle pour un massacre" n'est vraiment pas admissible! Brasillach, qui n'a pas à 15 ans rêvé d'une nuit de Tolède? Rebatet et la musique, oui absolument, et "Les deux étendards", malgré tout, ce n'est pas mal du tout non plus... Et Drieu dont je lis (toujours à 15 ans!) "Gilles" et "L'homme couvert de femmes" et, plus tard, l'admirable "Feu follet".
Bref, dur dur... Mais suis assez agacé par le jeu sur les mots de célébration/commémoration... C'est fou ce qu'en France on aime les breloques de toutes sortes. Laissons les dormir, lisons les en silence, partageons les avec nos amis et pensons en ce que nous en voulons, le pire et le meilleur conjugués...
Quel beau philosophe tu fais, Gilles...
Tu as raison, commémorer quoi ? Le talent ?
Lire, oui, lire. Et partager...
Désolé Gilles, de t'avoir agacé...
Jouer sur les mots ? C'est une spécialité française voyons. C'est d'ailleurs à cause ce cela que Brasillach a été mis collé au poteau. Il avait lui aussi joué sur les mots...
Giroud, c'est drôle, non ? Mais elle refusait ses racines. Et c'était pour se venger de JJSS... j'ai lu ça dans sa bio (Laure Adler). Bon, allez, Céline, on va se la lire entre nous. Nord. Putaing que c'est écrit ce truc.
De plus, quand tu lis Céline c'est extra. Quand tu lis les pamphlets, c'est naze, ce n'est absolument pas de la littérature. C'est écrit par le docteur Destouches.
Mais non cher Antoine, tu ne m'as pas agacé. mais je trouve juste que l'une remplaçant l'autre, on ne fait que déplacer le problème. En réalité, de ces célébrations et/ou commémorations je me bats les flancs... J'ai bien de la commisération pour toutes ces choses...
Mais oui cher Antoine sans jeux de, sur et avec les mots, la vie serait plus que triste. Et les tiens me réjouissent toujours...
Pas de traces de Benoit, de seb, de Fred, de cds, du Tigre...Où êtes-vous ?
pas loin... pas loin...
et s'il vous plait, cessez un peu de parlez de tous ces livres qu'il me reste à lire... j'en achète trois par semaine... j'en lis deux... mes rayons sont pleins, je vous laisse imaginer combien d'ouvrages s'empilent derrière mon bureau ;-)
(sinon, j'ai trouvé une E.O. du tout premier livre de rugby jamais écrit chez nous - 1895 - faudra que je vous la montre... http://flic.kr/p/99n47z )
Est-ce un Louis Dedet, ou bien avant ?
On m'appelle? Hop, je suis là ! :D
Céline?
Oui Céline est probablement le plus grand écrivain de langue française du XXe siècle, un "des seuls hommes de la vérité qui nous restent, l'agitateur révolutionnaire, l'écrivain qui de son style marque la langue…" (Lacan) mais en l'occurrence, la confusion médiatique (attention pléonasme inside) ne tient-elle pas à la différence qu'il y a entre une commémoration et une célébration?
La république peut commémorer, mais aurait-elle pu célébrer?
Enfin ce (faux) débat donne lieu à une telle agitation, une expression tellement éclatante de la fausse opposition dont se nourrit le système, (Sollers au comble du ridicule) que les tenants dudit système, ministres officiels et autres ploutocrates de la démocratie formelle, auraient eu tort de s'en priver…
Tout le monde est content dans le fond.
Le meilleur hommage à rendre à Céline ne serait-il pas que chacun aille, par devers soi, vers un peu plus de vérité?
ps: Jünger n'a rien à voir avec Céline, Jünger non seulement n'a jamais été antisémite, mais il a sauvé plusieurs juifs pendant son séjour à Paris, il était d'ailleurs opposé à Céline…
Bof, il a juste était nazi. Ca doit pas être très grave, finalement...
Jünger nazi?
On ne peut pas aller plus loin dans le contre-sens…
Jünger est le seul antinazi qui a déclaré son antinazisme (Sur les falaises de marbre) en risquant sa vie, pas quarante ans après…
D'ailleurs son fils a été exécuté par les nazis à Carrare, sur des falaises de marbre.
Afin d'éviter les malentendus, voire l'enlisement dans des débats d'arrière-garde, je signale à toutes fins utiles qu'il m'est déjà arrivé, dans le passé, d'avoir affaire à des détracteurs de Jünger (qui est l'un de mes auteurs de prédilection… =)
http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/02/21/junger-en-guerre/#comments
En fait il y a deux pages, ça commence ici :
http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/02/21/junger-en-guerre/comment-page-1/#comments
Le début des débats est là =)
http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/02/21/junger-en-guerre/comment-page-1/#comments
Bon, faut qu'jarrête... j'étais dans le deuxième degré pas bien maîtrisé. Putaing, Cds, t'es chaud du réchaud... Ca bouille... M'étonne pas que le RCT soit en quart, ça destronche... Stop, désolé, j'étais hors-jeu, je lève le bras pour bien montrer à l'arbitre que... J'enlève mon uniforme. D'ailleurs, tiens, Junger a rencontré Céline à Paris en 40 ou 41, je ne sais plus très bien, j'étais jeune à l'époque, et il l'a trouvé plus nazi que les siens, antisémite à l'extrème, voire très con... Il a du l'écrire même... Dans son journal
Tout cela est-il exact ?
J'me méfie maintenant
mdr Ritchie ! :D
Oui, le 7 décembre 1941, Jünger, alors capitaine de l'état-major de l'armée allemande à Paris, rencontre Céline à l'Institut allemand. Il note dans son journal:
« II [Céline] dit combien il est surpris, stupéfait, que nous, soldats, nous ne fusillions pas, ne pendions pas, n'exterminions pas les Juifs - il est stupéfait que quelqu'un disposant d'une baïonnette n'en fasse pas un usage illimité. "Si les Bolcheviks étaient à Paris, ils vous feraient voir comment on s'y prend ; ils vous montreraient comment on épure la population, quartier par quartier, maison par maison. Si je portais la baïonnette, je saurais ce que j'ai à faire" ».
Céline était un génie, mais il n'était pas exempt d'accès délirants (comme on peut le lire ci-dessus, entre autres…) pour moi le vrai Céline s'est incarné dans ses romans…
Quant à Jünger, c'est l'un des auteurs dont la lecture m'a le plus aidé dans l'existence, j'en défendrai toujours la mémoire contre vents et marée ! ;)
"Ce temps est celui où la création artistique est devenue une valeur que nous reconnaissons, même là où elle ne coïncide pas avec nos valeurs morales, voire les contredit." Henri Godart.
Face à "Refuser, s'opposer à l'idée que l'artiste est au-dessus ou à côté de l'impréatif moral, c'est une manière de respecter l'écrivain, d'envisager sa parole comme intégralement responsable et son oeuvre comme un ensemble cohérent." Patrick Kéchichian.
page débat, "Le Monde" d'aujourd'hui.
Carton Jaune à Wilflingen, Etoile Jaune au Frachan, ... ça déblaye de partout !! à moi les gros !
(nb : j'ai lu 'Orages d'acier' juste le mois dernier...)
[mode /digression]
pas Céline, mais Dedet (quoique ce rugbyman agrégé de philosophie eût sans doute quelque chose à dire...) en réponse à Ritchie un coup plus haut...
donc, avant...
J'évoque un ouvrage "Le Football Rugby" de G.de St Clair et E.Bourcier de St Chaffray publié en 1895 comme premier ouvrage (avec l'Athlé écrit par Frantz Reichel et le tennis) de la nouvelle collection "Petite Bibliothèque Athlétique" confiée à G.de St Clair (co-fondateur du RCF) par Armand Colin...
(copier / coller ce lien vers la page de garde du livre http://flic.kr/p/99n47z )
Louis Dedet, capitaine du SF, prendra la plume pour remplacer G.de St Clair pour la deuxième édition en 1902 (et suivantes...)toujours en tandem avec son camarade du SF St Chaffray.
Je pousse la digression en vous invitant à lire ces quelques pages de Georges de St Clair évoquant son apprentissage du rugby à la source: jeune homme de bonne famille débarquant au collège de Rugby en 1862 et gagnant sa place dans l'équipe de football de sa "Maison"... (copier/coller http://bit.ly/hQwSNz )... on doit pouvoir affirmer sans trop se tromper qu'il s'agit là de la toute première fois qu'un Français s'essaye à notre sport favori...
[mode /digression off]
J'aime les modes disgressives... C'est le sens de la Comme Fou... Dans tous les sens, pour tous les sens. L'essence des choses, quoi !
Eh oui, les "Orages" et les "Falaises"
quels monuments..! Non, jamais Jünger
n'a été nazi, trop autonome (je n'ai pas écrit Autonome) pour adhérer à quoi que ce soit (les bien pensants diront "anar de droite"!!!). Mais seul à dénoncer? C'est oublier Mann, Benjamin et bien d'autres...
Petit phrase d'un ami au fait de la politique et des lettres : "Il n'est pensable que la République célébre ou commémore Céline. La France, peut être, mais pas la République."
Une piste de réflexion supplémentaire dans notre florilège
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