mercredi 5 octobre 2011

Chapitre 34

Un sentier à peine balisé. Le soleil oblitéré. Des courants d'air chauds traversent l'humidité. Sol spongieux, troncs moisis, racines et branches mêlées. Je monte et nous montons, la Comme Fou à mes côtés. Ce chemin est de tous les chemins, escarpé, sans aucune perspective, hors du temps, préservé. J'ai envie que vous l'empruntiez avec moi. Chapitre 34 de RugbyLand. Savoir qu'aujourd'hui ensemble vous vous êtes enfoncés dans la forêt néo-zélandaise. Il n'y a plus d'équipe de France, de composition, de Saint-Marc qui tiennent. Juste la Nouvelle-Zélande d'un autre siècle, nous tous réunis, portés par les mots à l'autre bout du monde. Savoir cela va emplir ma journée, vos pas sur ce sentier qui bifurque comblera l'espace-temps qui nous relie, car ici rien ne nous sépare, ami(e)s.

24 commentaires:

Juanito a dit…

Ben ça va pas être facile de l'emprunter avec toi avec mes
4 jambes!! Ça fais rien je l'imagine quand même.
La bise.

L' ÉTERNITÉ ROMAN a dit…

http://www.youtube.com/watch?v=DgRKsugXo3E

Seb en Ovalie... a dit…

De boue en boue,décidément Ritchie tu auras entraîné ta fine equipe sur tes chemins de traverses d'une main de maître.Là tu ouvres un nouveau chapitre en Rugbyland,je m'y plonge avec délice dans ta futaie qui a du coeur.Ici,point d'esprit commando où je ne sait quelles trouvailles pseudo psychologiques,juste des âmes qui slaloment de mots en mots vers la cime de l'unisson.Chacun s'effeuillant l'âme sans avoir peur de casser sa branche...Alors voilà,premier de cordée ou pas,chacun allant vers son alter plutôt que son ego,j'emprunte avec bonheur ce chemin non balisé.Ta bande de "comme fou" rassembler là,au soleil,à tes côtés,scintille comme "La forêt d'emeraude".

Antoine a dit…

Seb, tu m'ôtes littéralement les mots du clavier.
Quel merveilleux paradoxe que de voir des liens se resserrer malgré (grâce) les milliers de kilomètres de distance. Miracle d'Internet ? Peut-être. Miracle épistolaire, bien plutôt, magie de l'écrit, ces mots qui nous relient en bonne intelligence (j'aime l'étymologie de ce mot).

benoit a dit…

Alors bien sur, si tu me tentes... je te suis. Passé une partie de mon enfance et même de ma jeunesse à battre le couvert des forêts. Un oncle bucheron qui débardait là où les tracteurs ne pouvaient pas passer. Un père par monts et par " veaux" et après l'orage c'est souvent qu'on devait s'y aventurer dans ces forêts sombres à ne pas croire afin de rassembler le troupeau. Parfois la nuit nous prennait par surprise,mais même pas peur. Une fois on a même aidé le garde de l'onf à retrouver son chemin. N'empêche. Doigt sur la bouche, on surprenait des biches, des cerfs, des daims. Dès que j'avais un moment je sautais sur mon vélo et j'allais m'y perdre des heures entières. Histoire "d' entendre battre le coeur de la forêt" (Chapitre 35, de mémoire, je ne peux vérifier, ton livre ets en lecture entre des mains amies, disons)et c'est vrai que plus on s'y enfonce, plus on arrive à sentir le pouls sauvage des origines. Aujourd'hui, je n'y mets plus jamais les pieds, en tout cas pas tout seul. Avec mon frère, ma femme et nos enfants on s'y promène, on traque le bolets craquants. Mais tout seul, comme avant, plus jamais. J'ai sans doute pris conscience des dangers qui pourraient m'y guetter. Mon père y retourne, sans portable ce qui met ma mère hors d'elle et si tu l'appelles, de toute façon peine perdue, il répond pas, tout à ses rites sauvages. Des rites muets. Des histoires sans parols, il dit. C'est étrange mais je crois que les animaux le sentent et n'ont pas peur de lui. Lui les animaux, il n'en a pas peur. Alors entre eux, il y a une forme de respect. Un pacte. L'ours a une estive par chez nous, un peu plus haut par là-bas et parfois mon père l'aperçoit. Bref. La dernière fois que j'y suis parti tout seul, je ne m'étais pas rendu compte du silence, perdu dans mes pensées d'alors. La chasse venait d'ouvrir et je me suis fait une belle peur. La peur depuis a pris le dessus et voilà. Les mecs,par chez moi, quand ils chassent, depuis quelques temps, il ne fait pas bon les déranger. Toute l'année au Perrier comme dit mon oncle et là, loin de tout, ils traquent la canette, enfin pas tous mais bon. Chacun son territoire. Mais tu me tentes, Richard, alors pour une fois, je vais faire une exception et te suivre...Allez chut, c'est maintenant que ça commence l'initiation. Pour peu qu'on consente à se perdre.

Frederic a dit…

il est où Waka ??

L' ÉTERNITÉ ROMAN a dit…

Tout passe et tout demeure,
mais notre affaire est de passer,
passer traçant des chemins,
chemins sur la mer.
Jamais je n'ai cherché la gloire,
ni à laisser dans la mémoire
des hommes ma chanson ;
j'aime les mondes subtils,
aériens et délicats,
comme des bulles de savon.
J'aime à les voir se teinter
de soleil et d'écarlate, voler
sous le ciel bleu, trembler
subitement et éclater…
Jamais je n'ai cherché la gloire.
Cheminant, là sont tes traces,
le chemin, et rien de plus ;
cheminant, il n'y a pas de chemin,
le chemin se fait en marchant.
En marchant se fait le chemin
et à tourner le regard en arrière
on voit le sentier qui jamais
à nouveau ne sera foulé.
Cheminant, il n'y a pas de chemin,
rien que des sillages dans la mer
Il fut un temps en ce lieu,
où aujourd'hui les bosquets se couvrent d'aubépine,
on entendit la voix d'un poète se lamenter
"Cheminant, il n'y a pas de chemin,
en marchant se fait le chemin…"
Coup par coup, vers par vers…
Loin du foyer mourut le poète.
Le recouvre la poussière d'un pays voisin.
S'éloignant, ils le virent pleurer.
"Cheminant, il n'y a pas de chemin,
en marchant se fait le chemin…"
Coup par coup, vers par vers…
Quand le chardonneret ne peut chanter.
Quand le poète est un pèlerin,
quand rien ne nous sert de prier.
"Cheminant, il n'y a pas de chemin,
en marchant se fait le chemin…"
Coup par coup, vers par vers.
Antonio Machado, Chant XXIX,
Proverbios y cantarès,
Campos de Castilla, 1917.
Traduction du castillan par Vincent Lefèvre.

Antoine a dit…

Richard,
Lors de notre prochain crazy ruck, nous laisserons Charles Baudelaire te poser sa question :

Étonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers.

Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons,
Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.

Dites, qu’avez-vous vu ?

L' ÉTERNITÉ ROMAN a dit…

(...) Je viens d'assister au match entre la France et les All Blacks, je serai devenu l'ami de Richard Escot, du journal L'Equipe, nous nous retrouvons, après le match, dans un bar d' Auckland, autour de plusieurs bières, bien vite nous ne parlons plus que de littérature, il est en train de lire Le Loup des Steppes d'Hermann Hesse, tandis que, guidé par le livre de Michel Del Castillo Mon Frère L'idiot je plonge dans l'oeuvre de Dostoï. Bientôt nous marchons ensemble dans les forêts profondes de l'île au long nuage blanc.
(Page 34)

richard escot a dit…

"Tu es bien trop exigeant et affamé pour ce monde moderne, simple, commode, content de si peu. Il te vomit, tu as pour lui une dimension de trop."
"Je voudrais dire encore, si cela pouvait servir à ma justification, qu'il y eut dans ma nature beaucoup d'enfantillage, beaucoup de curiosité, de penchant à l'amusement, de goût pour les distraction. Et il me fallut un certain temps pour m'apercevoir qu'un jour il faudrait cesser de jouer."

richard escot a dit…

L'Eternité Roman, pas de nom, s'il te plait, nous sommes ici entre ami(e)s. Qu'importe qui nous sommes, d'où nous venons, ce que nous représentons ou pas, notre titre : ce quiu importe c'est où nous allons ensemble, le chemin que nous créons sous nos pas d'amble.

L' ÉTERNITÉ ROMAN a dit…

Un personnage et un journal fictifs, j'ai corrigé... Rassuré ?

richard escot a dit…

Fictions... Nous sommes tous à inventer.

Antoine a dit…

Pourvu que l'histoire se finissent bien.
Pour l'instant, la situation de notre XV de France m'évoque cette citation d'O. Wilde tirée du Crime de Lord Arhur Saville (je crois me souvenir que Gilles l'a évoquée lors d'un ruck) :
Le monde est un théâtre, mais la pièce est déplorablement distribuée.

gaby optimiste a dit…

Caminante, no hay camino, se hace camino al andar.

Gilles2 a dit…

Ah mes chéris, vous me ramenez presque
60 ans en arrière... Du temps que je chantais, jeune scout (oui, oui) :
"Gentiment suivez la pente, le chemin vous y conduit"...

Gilles2 a dit…

En fait, ça commençait par : 'Ecoutez bien le chant, écoutez bien le vent, écoutez bien le chant du vent..."
Mignon, non?!
Benoît, à quand ton roman qui ne traite que de ces visages pas si immobiles qu'il y paraît..?

benoit a dit…

Gilles, ta chanson est douce à mes oreilles...Pour le reste, j'ai d'abord une mayo à monter. Si elle ne tient pas, bol renversé bien sur, ici, lapin et les deux gorilles secouent mêmement la tête, l'air de dire " Nan! recommence". Et comme je suis du genre à relever le gant, tu me connais...

Gilles2 a dit…

Si j'ose, la chanterai au prochain ruck (permission de rire accordée...).
Et puis, on parlera un peu...

benoit a dit…

ça pour parler, on parlera...etpas qu'un peu. Allez, sur ce je file mouiller la mayo. Bises.

Antoine a dit…

Ah, ça Benoît,faire que la mayonnaise prenne, c'est pas évident. Demande à Marc Lièvremont.

Gilles2 a dit…

Antoine toujours le dernier mot, qui heureusement n'est jamais le mot de la fin...

richard escot a dit…

En l'occurence, chez Benoit, il s'agirait plutôt du mot de la faim. Allez, je pars pour une énième conférence de stress, les joueurs font semblant d'être en colère. Marrant.
Au fait, quelqu'un a des nouvelles de Doussain?

richard escot a dit…

Au fait, Juanito, quelles sont les nouvelles ? L'opération ? Bien ? Quatre jambes, c'est pas une partie en l'air, au moins ?