lundi 2 novembre 2015

World Press

C'est mon ami Carlos Martinez qui a retrouvé le document. La "sélection mondiale" de la presse, en 1991, qui allait être opposée quelques instant plus tard aux journalistes britanniques. Sur la pelouse des London Welsh, là où est né le rugby gallois moderne dans les années 1965. Vous reconnaîtrez sans problème Julien Schramm (accroupi, à gauche): il n'a pas changé. Paolo Ricci-Bitti, le meilleur spécialiste ovale italien, est à ses côtés. Ainsi que Fabrizio Zupo, son confrère.

Un peu plus loin Ritchie, quand aller chez le coiffeur avait encore pour moi du sens. Et à l'extrême droite, Ian Borthwick, le plus fameux journaliste néo-zélandais de France, aujourd'hui au Racing 92. Debout, Pablo Mamone (derrière Schramm), Daniele Resini, Maurizo Bocconcelli, et à l'autre bout Chris Thau, ancien de Midol et aujourd'hui consultant média et historien pour la World Rugby.

L'équipe (nous étions seize, avec un avant remplaçant) était donc composée à la hâte de trois Japonais, deux Argentins, cinq Italiens, deux Français, un Néo-Zélandais, un Suisse, un Belge et un Roumain. Comme préparation tactique, quelques passes vrillées et beaucoup de fou-rires.

Nous étions arbitrés par l'Ecossais Jim Fleming, arbitre international, qui finit par mettre en rage Julien Schramm tant ses décisions semblaient iniques. Il me semble qu'on a perdu ce match de peu, face à Stephen Jones (le chroniqueur, pas l'ouvreur), Mike Cleary, Eddie Butler, Nick Cain et leurs collègues. Renforcés par quelques ouvriers du livre recrutés dans les meilleures imprimeries pour remuer le plomb...

Ce jour-là, Julien me sauva d'une fracture des côtes qui s'annonçait - nous étions à deux semaines de la finale - en bousculant sans ballon Stephen Jones lancé sur quinze mètres pour me fracasser en travers au sortir d'une touche de laquelle, m'assurera Julien, il était parti hors-jeu. Borthwick, Zupo Thau... Nous nous sommes revus à Twickenham vingt-quatre ans plus tard. Avec moins de cheveux et davantage de kilos. Sauf Borthwick. L'âge n'a pas de prise sur le kiwi.

3 commentaires:

Seb en Ovalie... a dit…

Le kiwi a toujours du jus me disait un ami wallabie ! Magnifique archive ambiance vintage, les cheveux dans le vent, le port (de la Rochelle à cette pelouse des London Welsh) de tête royal, droit devant, l'horizon plein de rêves en formes d'oblongues, le jarret saillant et la plume regorgeante de mots emmêlés. Aujourd'hui la boîte crânienne plus aérée, le style plus épuré, ta passion ovale chevillée au corps, tu nous livre depuis plus d'un mois des partitions en forme de carte postale comme un aquarelliste, en encre all-black pour mieux noircir la toile en reflets de lumières. Merci ami, pour toutes tes sonates de maux qui éclairent si bien les "je", tant d'essais transformés comme autant de bonnes nouvelles, en version "Moderato Cantabile"...

Sylvie a dit…

Je ne sais pas comment il peint mais c'est au fusain qu'il dessine Ritchie, "Le fusain se combine parfaitement avec de la craie blanche pour introduire des éclairages. C'est un excellent outil qui mène à l'essentiel en forçant l'artiste à visualiser les formes et le caractère du sujet sans s'encombrer de détails insignifiants." Et plus ça va plus il va au coeur du problème, sans fioritures . En Noir et Blanc . Et il estompe, il crée des effets d'ombre . Reste une ligne nette, celle qu'il devait tracer plus jeune sur les terrains .
On peut relire Montaigne parlant de l'âge : "Quant à moy j'estime que nos ames sont desnoüées à vingt ans, ce qu'elles doivent estre, et qu'elles promettent tout ce qu'elles pourront. Jamais ame qui n'ait donné en cet aage là, arre bien evidente de sa force, n'en donna depuis la preuve. Les qualitez et vertus naturelles produisent dans ce terme là, ou jamais, ce qu'elles ont de vigoureux et de beau."
Regarde ta photo,tout était déjà là Ritchie .

Benoit a dit…

Il y a dans cette photo comme un léger vent de mélancolie ( je n'ai pas parlé de nostalgie, hein, surtout pas.) que ce sport-pardon ce jeu-est sans doute le seul au monde à pouvoir-savoir faire se lever, sans que ça paraisse mesquin...autre chose qu'une tendre rêverie de promeneur...Et voilà...