En acceptant d'entraîner le XV de France, Guy Novès était au courant : il savait dans quel remous il allait devoir se plonger. Mais n'avait certainement pas mesuré la force du courant contraire même si, lorsqu'il officiait à Toulouse, l'idée lui est maintes fois venue d'envoyer paître les différents coaches tricolores lorsqu'ils demandaient ce qui lui paraissait impossible à l'époque : handicaper son club pour mieux favoriser les Tricolores.
Terminer cinquième au tableau de son premier Six Nations est intérieurement une défaite pour celui qui a gravi tant de sommets français et européens depuis 1989. Les prémices d'un jeu collectif - debout, le rugby - ne comblent pas les lacunes physico-techniques de joueurs trop éloignés des canons du "très haut niveau" cher à Saint-André pour vraiment peser. On se satisfera donc d'élans et d'envies à défaut de quelque chose de plus abouti.
On pourrait se dire que la vie en bleu passera prochainement du pâle au mâle, mais ce serait sans compter sur la prochaine tournée, qui ne sera pas celle du patron. En Argentine - les Pumas/Jaguares viennent d'intégrer le Super 18 - durant le mois de juin, avec un premier test sans les joueurs des clubs barragistes du Top 14, décalage horaire et fatigues obligent, et de toute façon sans les internationaux engagés en demi-finales du côté de Rennes.
Pendant ce temps, les moins de vingt-et-un ans disputeront leur Championnat du monde en Angleterre, et donc aucune occasion pour Damian Penaud, par exemple, de se tester chez les grands. Quant au 7 de France, il entamera sa préparation pour les Jeux Olympiques de Rio, et donc avec Virimi Vakatawa, principale arme de franchissement du XV de France dans ce Tournoi.
Restera donc à Guy Novès, contre mauvaise fortune bon cœur, l'opportunité de visiter l'Argentine, magnifique pays qui sait si bien recevoir et donner, en extirpant du ventre mou du Top 14 ce qui va ressembler à sa réserve. Par chance, le Stade Français ne sera pas qualifié pour la phase finale. Une réserve, donc, pour rivaliser. En vain ?
2 commentaires:
Il y a de très très bons joueurs au Stade Français ( cadres du XV tricolore)...Et des joueurs prometteurs, ailleurs, aussi. Lorsqu'il leur aura expliqué comment, et surtout, pourquoi ceux-là peuvent tout à fait sortir de "la réserve" pour peu qu'ils se montrent...moins timides ( facile, je sais)...ma foi, qui sait s'il n'en sortira pas quelque chose...Alors, oui, je sais aussi que je suis prêt à beaucoup pardonner à notre EDF depuis que...Mais, c'est une chouette défi. Dans un pays si fascinant, du moins d'après ce que j'en imagine. Mais je cesse aussitôt de. Mon imagination n'a pas assez de pouvoir en la matière. Richard en parlerait tellement mieux. Comme du reste.
Hello gentle(wo)mens, Je ne m'attendais pas vraiment à une victoire française dans ce crunch même s'il y a toujours l'espoir qui rôde. Tout ce qu'on lit autour de ce XV me semble justifié, même dans ses contradictions comme celles d'une équipe qui manque d'impact physique alors qu'elle a beaucoup franchi. Bien que tout le monde dit et sait que cette équipe est en cours de construction, reste que l'enjeu du tournoi, mains liées à cette société de spectacle, avec l'attente et le business que l'on sait, génère beaucoup d'empressements, de désillusions... et d'en-avants. Novès a aussi ce défi majeur à relever : ne pas céder à la consommation dans tous les sens du terme. J'ai trouvé de ce point de vue qu'il avait plutôt réussi en accordant sa confiance aux joueurs, à ne pas les "jeter" comme un vulgaire objet de consommation dès lors qu'ils avaient déçu ou ne répondaient plus tout à fait à la demande (j'aurais quand même bien voulu revoir un Bonneval). Ce climat de confiance dans l'humain est propice à des demains qui chantent... Espérons-le. En attendant, c'est une 5e place. Dur, dur. D'autant que l'Angleterre se fait le grand Chelem après une coupe du Monde encore plus catastrophique que la nôtre. Comment le comprendre ? Le niveau intrinsèque de nos joueurs, la mentalité, un système fédéral dépassé, etc. Richard, tu t'es déjà bien penché sur la question. Je te suis. Au bout du compte, cela reste quand même le vécu d'impuissance qui domine, comme si nous devions faire face à l'inéluctable en politique, ici comme ailleurs, avec ce sentiment que ceux qui ont le pouvoir n'oeuvrent pas vraiment pour le collectif, mais pour l'intérêt personnel. Alors, à quand le vrai changement ? Le rugby, une métaphore de la société...
Bon Crazy Ruck les ami(e)s ! Le boulot m'attend du côté de Strasbourg, ce sera donc sans moi.
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