dimanche 15 mai 2016

Ras du sol

L'être humain au travail rampe devant les injonctions, les menaces, sa hiérarchie ; il subit les humiliations, les contraintes ; s'aplatit devant les horaires, les obligations; remplit les objectifs, les cases, les fonctions.

Tout le monde rampe. A commencer par les politiques devant l'argent des grandes entreprises, devant le pouvoir les lobbies et des multinationales. Pour finir par les médias institutionnels qui accompagnent les informations tellement ils ont peur de dénoncer.

La grande menace c'est de perdre le peu que nous avons. Alors autant s'allonger plutôt que de risquer.

Il y a un mot pourtant qui se répète depuis peu, un mot en train d'éclore : debout. Comme le jeu, comme le je. Jeu debout en rugby, je debout dans la nuit. Et cette nuit, justement, semble nuire, à ceux qui font tout pour que nous restions allongés, ou à ramper.

Parce que l'enjeu est de taille, il est vital pour les institutions de dénigrer ceux qui restent debout toute la nuit, ceux qui ne veulent pas s'allonger devant la grosse machine à détruire les espoirs. Alors les médias bien pensants, bien pesants, utilisent la constante macabre.

La constante macabre, c'est une propension à ne voir que ce qui ne fonctionne pas, ce (ou ceux) qui dérape(nt) ; à ne mentionner que les trains qui n'arrivent pas à l'heure, les vitrines brisées plutôt que les idées échangées, les insultes qui fusent plutôt que la parole donnée ; quelques abrutis au lieu du grand nombre d'éclairés.

Dénigrer arrange ceux qui dirigent. C'est aussi vieux que la politique et bien plus vieux qu'Alain Juppé présenté en sauveur de la République. Lui, il y a un peu plus de vingt ans, avait fait descendre la France dans la rue. En plein jour. Voilà qu'il se représente. C'est à ça qu'on le reconnait.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

On dirait que la grande foule ne se presse pas ici pour venir faire quelques foulées ...

Dans "le grand maître", Jim fait étancher une autre soif à son héraut entre la satisfaction de ses pulsions, les coups qu'il prend & la cicatrisation de ses meurtrissures, en lui accordant des siestes fomentées au whisky double comme à l'écho de sa passion pour une revisitation plus critique de l'écriture de l'Histoire en se rappelant d'où il vient ; et d'y convoquer aussi bien donc ses souvenrs enfouis que Jack Beatty ou Reinhold Niebuhr, "philosophe" préféré des cénacles Mc Cain & Obama ... & sans doute bien davantage encore par elle en rit que par Donald just pur juice de la famille Picsou .

Dans notre vieille Europe mélangeant encore Renaissance, Lumière classique & affreux sentimentalisme romantique, on feint d'oublier sauf bien sûr en hauts lieux, sous un fatras de développements purement dérivatifs les apports majeurs de Machiavel & d'Hobbes . Sociologiquement mis en évidence par l'ouvrage majeur de Gustave le Bon, qui n'a pas pris une ride, sauf dans l'interprétation de l'usage technologique du bourrage de crâne qu'offre le satellite en mode global & instantané par cnn ou al'jarzeera, sms ou buzz internet ... cela permet d'utiles & non pernitieuses références obligées à "tout le monde" pour justifier son absence de recul dans l'adhésion aux nobles causes ; sans avoir à se demander pourquoi ou pour qui . Gageons que Juppé, comme son pote Montebourg, le savent s'ils ne l'ont révisé aux bons soins d'A. de Puyfontaine . A-part chez les flics qui s'y perdent un peu légitimement en plein état de siège (le lancement & le port du tee-shirt ne s'accordant pas aux conditions météo ?), le manifestant moyen ne revendique pas encore un "je suis République"; z'ont peut-être pas lu le chapitre concerné chez Platon ? digéré Roucaute, ou abordé Chomsky fin psychologue ...

Saviez-vous qu'à l'automne prochain, sauf loi budgétaire modificative, les enfants à charge de parents soumis à l'isf ne pourrons plus prétendre aux aides aux logements (apl, als, ...) . Encore une insulte aux boucliers ! 'vont quand même pas être traités comme de vulgaires travailleurs handicapés ! des sans-dents ! d'la populace grecque qui choisit ses sophistes .

c'était zarmaou

richard escot a dit…

Bsr Zarmaou, non sur le thème des rampants pas grand monde pour glisser son azerty. Faut croire que Cannes ne met pas les commentateurs en jambes. Nuit debout plutôt que Courbet le jour. Il faudrait remonter aux origines, sans doute. Pour mieux s'en écarter.
En tout cas, votre prose m'apporte une pause durant la rédaction de mon prochain opus qui je l'espère devrait marcher. Debout.

Sylvie a dit…

Rien à voir avec vos propos - encore que ... - mais j'ai trouvé un poème de Maro Itoje, Ritchie, et comme tu avais émis le désir de le lire ...
Le titre c'est There Comes A Time

There comes a time

When a boy must become a man

When fear must turn to bravery

When thoughts must turn to belief

When this belief must turn to action

When one must love and one must hope

When preparation turns to performance

When strangers turn to friends

When friends turn to foes

When joy fulfils your mind

When anger fills your heart

When one must stand up and lead

When one must sit back and listen

There comes a time, when the time must be taken

By Maro Itoje

Curieusement ça colle pas mal avec Nuit debout ...

richard escot a dit…

Effectivement, Sylvie... De la pensée à l'action.
Bien trouvé, my dear...
Il y a du Kipling chez cette poutre

benoit a dit…

Parfois, on peut aussi bien considérer qu'il n'y a pas grand chose à rajouter à ce qu'on vient de lire, pour peu que la lecture nous ait paru se suffire à elle-même. Bref. On lit et ensuite les mots et les idées qu'ils prolongent en nous tout doucement infusent et finissent, dans le meilleurs des cas, par tracer un chemin...Il faut ( enfin "il faut", je me comprends...) savoir laisser venir les choses...Après, nous sommes, à peu près, toutes et tous d'accord...Ce monde se dessine autrement, et on ne sait encore rien des "nouveaux" contours et de la forme qu'il prendra...je fais confiance à la jeunesse et aux générations qui s'apprêtent à assurer la relève...J'aimerais seulement qu'elle ne perde pas de vue, la jeunesse, que le consensus, en politique comme ailleurs, ça a aussi du sens...Voyez Podemos en Espagne auquel il faut (décidément...) reconnaître le grand mérite d'avoir réussi à faire bouger les lignes...oui mais pour écrire quoi de tant soit peu tangible, dans le fond...entre ces lignes...Il me semble surtout que les gens se sont mis, depuis une bonne quinzaine d'années ( je ne suis ni historien, ni...alors on voudra bien m'excuser par avance) à devenir des consommateurs effrénés de politique, comme ils sont désormais des consommateurs d'école et d'à peu près tout, du reste...et que ce qui leur importe c'est d’être aimé...et là, bien entendu, l'affaire se complique...L'impatience est partout et puisque l'époque est à la vitesse, au "tout tout de suite", au mépris du recul historique...Je discute souvent ( j'aime bien et il n'y a vraiment que comme ça que...) avec des jeunes gens modernes ( des jeunes gens de tout horizon, je précise) et leur vision des années 80, ( à leurs yeux il s'agit d'une espèce de paradis perdu...c'est amusant, touchant et erroné, bien sur...)mon dieu...mais c'est à ne pas croire...Pour un peu ils nous en voudraient presque d'avoir vécu ces "années folles" qui n'ont jamais existé...enfin, je me souviens de certains articles dans Esprit et j'en passe où on nous appelait " la génération perdue"...Un mot enfin sur ce que je lis, ici ou là, sur des blogs amis ou encore sous la plume d'écrivains en cours ( certains sont des potes alors...), au sujet des "violences policières"...Non mais...de qui se moque-t-on à la fin...Une manif et j'en ai "marché" pas mal dans mes jeunes années et ben ça peut piquer... Mais partout où je regarde je ne trouve trace de voltigeurs tels qu'ils nous roulaient dessus en 1986 loi des rassemblements contre la loi Devaquet...et je ne préfère pas remonter plus loin dans le temps...Alors, oui, je trouve assez formidable tous ces forums qui s'improvisent, ici ou là, lamentable la façon dont certains organes de presse couvrent la chose, en agitant la peur sous le piff de cette France de plus en plus moisie...La majorité des français a depuis longtemps versé dans le populisme alors...Mais bon, je vais me refaire un café. La bise à toutes et à tous.

benoit a dit…

Mais oui Sylvie et Richard ( j'en profite pour saluer au passage Mr Zarmaou et la qualité de sa plume, tout comme son intervention.) cet Itoje, si jeune et déjà plein de maîtrise, c'est assez impressionnant, a par ailleurs du souffle à revendre...la jeunesse...a de beaux jours devant elle, vous disais-je...

christophe a dit…

Hello
Rien envie d'écrire, de penser, plutôt de partager. Hors sujet ou pas. D'ailleurs, je rejoins Benoit. Il a tout dit. "Devaquet, si tu savais..."
« J’ai toujours su qu’au plus profond du coeur de l’homme résidaient la miséricorde et la générosité. Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l’amour naît plus naturellement dans le coeur de l’homme que son contraire. Même aux pires moments de la prison, quand mes camarades et moi étions à bout, j’ai toujours perçu une lueur d’humanité chez un de mes gardiens, pendant une seconde peut-être, mais cela suffisait à me rassurer et à me permettre de continuer. La bonté de l’homme est une flamme qu’on peut cacher mais qu’on ne peut jamais éteindre. » Nelson Mandela.
Le cynisme ambiant ne passera pas par là, par moi, par toi, etc. etc. Capable encore de parler d'amour, sans rire ? Amitiés.

richard escot a dit…

Ah la Comme Fou revient en force et sagesse. Même quand un membre de cette communauté n'a rien à écrire il quand même quelque chose à dire et à nous faire lire. C'est ça qui est agréable...
Bon allez, je retourne à l'Utopie.

Anonyme a dit…

bonjour,
Richard, déplacer la focale, tenter de se réimaginer face au bombardé "Casseurs de pierres" ou essayer de taquiner "La truite" plutôt que la colonne Vendôme, c'était peut-être le sens de son escapade avec Corot, rapportant des charentaises à Honoré Daumier ; sans rien revendiquer que les vertus du plein air ; "il faut" avoir une pensée pour Jim Jarmush obligé par l'amère l'oie de feindre actuellement de savoir marcher comme un dindon .
zarmaou