Une hallucination. Comme si je marchais dans un film tourné au ralenti par des zombies. Une passante lisant sur son écran, un couple qui ne se parle pas mais iphonise, un groupe de dix en demi-cercle la tête basse au-dessus de leur portable, et soudain cent personnes agglutinées et murmurant. Tandis que nous nous promenions, mon épouse et moi, dans le parc de La Villette, Pokemon Go battait son plein.
Nous sommes tombés bas. Après les attentats la nullité en grappe, l'abrutissement des masses, le degré zéro de la vie en société. Du nombre mais séparé, une communauté d'éléments isolés dans leur propre monde virtuel ; un regroupement géant pour une activité néante. Je suis affligé. Des creux-vivants occupés à rien mais à plusieurs, errant têtes baissées devant leur vide plasma. Une recherche inutile mais qui occupe.
Nous y sommes. Metropolis. Une foule hypnotisée dans un univers aseptisé, un magma sub-humain en quête de vacuité qui tourne sur lui-même, guidé par les communicants, les moteurs de recherche, les jeux électroniques ; une mode validée par des esclaves. Jamais foule n'a été aussi bien domptée, lobotomisée de son plein gré.
"Boloss", me disait Jean Pruvost - doc dico, éditeur, voisin et ami - au cours d'un savoureux dîner, vient de "lobotomisé", en verlan des cités. Nous y voilà, au milieu de cet flot de décérébrés têtes basses, cou tordu, dos voutés, conversation limitée au sujet-verbe de Pokékoi en vadrouille. Au début, ça surprend, ça fait sourire, autant de regroupés sous les arbres, sur un parvis, dans une allée... Puis ça inquiète de voir défiler les figurants du village des damnés.
15 commentaires:
Bonjour Ritchie, je suis moi aussi passablement agacée - euphémisme- par cette nouvelle mode apparemment les jeunes (?) s'y retrouvent : http://teleobs.nouvelobs.com/jeux-video/20160727.OBS5421/j-ai-joue-a-pokemon-go-et-je-me-suis-fait-des-potes.html
ils semblent retrouver le goût de sortir marcher (!) au lieu de rester vissés à leur console . Ce qui m'inquiète c'est que dans mon idée les joueurs devaient avoir entre 10 et 15 ans ... ils ont dépassé la trentaine pour la plupart !! Comment peut-on passer de "Nuit debout " à "Nuit debout pour chasser le Pokémon " ... ça me dépasse . On doit être trop vieux non ?
Bon, je ne sais pas si j'ai bien éduqué mes trois filles (23, 21, 17) mais aucune ne joue à cette nouvelle connerie. Et elles aussi sont passablement désolés de voir les gens errer dans les rues à la recherche d'un avatar virtuel.
Pauvre époque que le nôtre en Trump l'œil.
Ne stigmatiser pas les Pokokokoïs car les diabétologues sont ravis de la chose ! En effet de faire marcher, donc faire de l'exercice améliore la prise en charge de la maladie .... comme quoi l'effet pervers débilitant du virtuel a du bon ! ça ajouté aux 6000 pas de François Hollande la boucle est bouclée ! De traiter un pokokokoï "d'abruti" ne sera pas un euphémisme !
Exact Tautor mais bon on peut aussi marcher sans l'attirail de cosmonaute : GPS, montre qui compte les pas, sac à dos avec pipette pour boire frais, baskets atomiques et tenue spatiale !Une bonne paire de pompes un short un T shirt et c'est parti ! Un de mes tontons montait tous les jours à la Croix de Chamrousse les skis sur le dos - des vieux skis en bois qui faisaient marrer tout le monde - jamais pris un tire-cul de sa vie ... bon faut dire qu'il avait de l'entraînement : envoyé au STO il s'était évadé et était rentré d'Allemagne à pinces ( Breslau / Grenoble) il racontait qu'il avait fait comme Fernandel dans "la Vache et le Prisonnier" mais sans la vache, juste une boussole et une luge ! Ca le ferait bien rigoler les Pokegogos c'est quand même plus poétique de tomber sur des chevreuils en train de brouter que des machins virtuels, sans parler des écureuils, des renards, des mulots, des fraises des bois, et l'odeur de la forêt, les chants des oiseaux .... Sinon nous on faisait des chasses au trésor et des jeux de piste ; il existe un site pas mal "geocaching" où les gens doivent trouver des objets cachés en apprenant aux enfants à utiliser les GPS - mais bon avec de bonnes vieilles cartes c'est bien aussi - c'est pas mal et ça fait beaucoup marcher . En tout cas plus convivial que les pokemachins .
On peut leur conseiller le mont Ventoux comme Pétrarque. Il n'y a pas de raccourcis qui vaillent. Suer, griffé par les ronces qui deviennent roses. Les forts ? Par l'effort.
Parlez fort :-)
Koï !koï ?
Quid des gens scotchés à leur ordinateur, autant de temps que faire se peut?
Ce n'était qu'une histoire de poutre et de paille....
Les gens sont fatigués des dures vies à mener, des peurs bien perfusées s'ajoutant aux leurs.
Ils fuient les petits bonheurs et ont grand peur du grand!
Autrefois , ils allaient au bistrot ,pour les rencontres et parfois boire un peu trop; puis ils rentraient chez eux sans manquer de sérénité pour affronter leurs vies, qu'elles soient belles ou pas.
Notre monde moderne nous impose des dérivatifs en tout genre , pour oublier comme on nous traite.
Le nez sur le clavier ,le doigt sur la souris, les gens traquent le Pokémon ,le bon mot, les copains de passage, les remèdes ou les jeux...Alors , l'esprit se vide ,les émotions s'endorment.
Faut pas leur en vouloir, ni juger ni en rire: chacun fait ce qu'il peut...
Elfie
Salut Richard...J'avoue partager l'avis de l'auteur du commentaire, oui là, juste ci-dessus, lequel résume tout à fait ce que je pense de la chose. C'est un dérivatif... "l'esprit se vide, les émotions s'endorment" j'aime beaucoup...Pas plus sot comme dérivatif, dans le fond, que de courir comme un perdu aviné devant un vachette, de participer à quelque toro mousse, de s'adonner, en douce ou au grand jour, à quelque addiction et il y en a pour tous les goûts, tout le monde a les siennes ( j'ai les miennes ( sont pas plus malines, non plus) et après...rien dans tout cela qui me dérange,ni encore me contrarie un sourcil, ni même me choque outre mesure...Nous chassions le dahu, elles ou ils chassent le Pokémon et après...Je le redis: l'époque n'est ni pire ni meilleure ( pas pour tout, hein mais entendre: les choses sérieuses, vraiment sérieuses) que la notre,je veux dire, celle de notre jeunesse. Elle a ses travers ( numériques ou pas), quand nous avions nos côtelettes (d'agneau, de mouton et parfois même...oui, c'est arrivé...flottantes...)La bise à toutes et à tous. Sur ce, méditons tout de même cette formule : " Quand tu sors des écrans, tu survis." et c'est signé...Jason Bourne. Mais oui!!! Vive la France. Vive René Bouscatel! ( le doublé Seb...Se faire doubler et redoubler, Seb!!) Vive 18h 38!!
Zarma,ceux qui montent au créneau dire leur désapprobation se font traîner à taire et exclure;on ne les supporte que soumis et silencieux.
Reste à traquer le Pokémon ,aussi illusoire que le dialogue pour une cause commune.
Elfie
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