jeudi 26 janvier 2017

Le pied de Neruda

Il y a du Hulot dans ce Pablo, de longues vacances loufoques au pays des fachos, évadé permanent chez Pinochet. Vous faire partager ici  mon bonheur d'avoir vu le film Neruda. Une merveille signée Pablo Larrain. Le cinéma est un art : ce long métrage le confirme, à l'heure où pullule les blockbusters sans âme construits par images artificielles.

Dans ce cas qui nous occupe tout est poésie, raffinement, drôlerie. Comme Neruda nous nous évadons pendant presque deux heures qui passent vite mais pas tant que ça puisqu'elles raconte une vie de rimes. Il faut dire que dans la famille Escot depuis deux générations nous tenons Pablo Neruda pour l'un des plus grands poètes jusqu'à collectionner ses œuvres complètes.

Ce film apporte une dimension peu connue. Elle ne rend pas grâce au politicien, au bourgeois, à l'époux. Mais personne n'est parfait. Justement c'est par ses failles que le plus célébré des chiliens est universel. Le réalisateur, toute la beauté de son œuvre est là, a su capter et surtout sublimer cette complexité du personnage.

Plusieurs types de caméras, de grains, de captation d'images, d'angles et de lieux pour un même moment rendent ce petit bijou gentiment bancal. Comme s'il manquait un pied sans que personne ne s'en aperçoive. Le comble, quoi, pour un poète... Et c'est ce qui rend l'ouvrage si attachant. Le tout est mis en relief par une bande son hautement élevée.

Un moment rare qui nous fait sortir de la pollution ambiante en ce début d'année 2017 qui promet d'être plus angoissant que prévu. La poésie sera notre refuge, nos lumières. Pythagore écrivait dans ces Vers d'or : "Et tu réaliseras que les êtres malheureux sont responsables des obstacles qu'ils rencontrent." Neruda aborde à sa façon le lien spirituel qu'il est possible de tisser au quotidien entre vie et poésie. Vous me raconterez...

6 commentaires:

Gariguette a dit…

"Je ne suis rien venu résoudre.

Je suis venu ici chanter
je suis venu
afin que tu chantes avec moi."
Canto general .
A l'époque ce titre me semblait tellement prédestiné ... je le traduisais volontiers par "je chante, mon général" tant les généraux lui furent funestes . Avec ce côté moqueur aussi ( pas du tout la tonalité du Canto general mais bon ...) .

richard escot a dit…

Ah la la, va donc vite voir ce film, Sylvie. Tu devrais te régaler.

Serge EYNARD "Sergio" a dit…

Y aurait il là aussi reliance ? de l'en but chilien. François vient d'y aller mais n'a pas déposé de gerbe commémorative pour lui à Santiago.
Etonnant le nom de l'inspecteur aux trousses : Peluchoneau, inversement sympathique à ce pourquoi il était mandaté. Plutôt rugueux que velouté.
Si chaque jour
tombe dans chaque nuit
il existe un puits
où la clarté se trouve enclose.

Il faut s'asseoir sur la margelle
du puits de l'ombre
pour y pêcher avec patience
la lumière qui s'y perdit.

André Boeuf a dit…

Malheureusement pas encore été voir ce film dont on dit -dont tu dis- le plus grand bien. J'avais vu, il y a bien longtemps déjà "Le Facteur", avec Philippe Noiret que j'avais beaucoup aimé. Beaucoup aimé Neruda lui même, bien sûr. Par mes racines catalanes et ma sœur passant sa maîtrise de lettres à Perpignan, entourées de profs, d'élèves, d'anarchistes, d'apatrides, tous plus passionnés les uns que les autres et chantant autant les chants de la guerre d'Espagne,... "Le passage de l'Ebre",... que les chants d'Atahualpa Yupanqui, Carlos Gardel dans un autre genre, mais tordant cœur et tripes, et bien d'autre.
J'ai retrouvé cette atmosphère à Paris à "l'Escale", dont j'ai déjà parlé.
Mais aussi parce que mon fils est né, ironie du sort, le 11 septembre 1973, de sinistre mémoire pour le peuple Chilien et Pablo Neruda en particulier.
J'essaierais donc d'aller le voir, ce film.

André Boeuf a dit…

A propos de film et du Chili de Pinochet, ce soir, sur Arte, à 23.30, "Missing, porté disparu" de Costa Gavras. Palme d'Or à Cannes en 1982. Je sais que tu ne regardes pas ou peu la télé, et puis je suppose que tu l'as déjà vu il y a longtemps.

Gariguette a dit…

Quilapayun pour moi, enfin surtout la prof d'espagnol complètement bouleversée par le coup d'Etat septembre 1973, j'entre en Seconde et en politique, jamais autant manifesté de ma vie, j'ai 14 ans et faudrait pas me pousser beaucoup pour que j'y aille au Chili ! Hermanos, hermanos,
hermanos, hermanos.
Sabed, que nuestra lucha
continuará en la tierra,
continuará en el campo,
los talleres, las canteras,
continuará en los puertos
y en las calles de la población... oui enfin aujourd'hui ça fait un peu bizarre ( ça vieillit mal l'exaltation ?) et plus tard ...https://www.youtube.com/watch?v=tDEnacuG3nY
Danzan con los muertos ...un dia cantaremos ...