jeudi 17 septembre 2015

Wight is right

Ils sont là tous les trois dans le hall du Mariott de Porthsmouth. Ils ne sont que trois, d’ailleurs. Supporteurs d’une USA rugby team qui vide les lieux ce jeudi pour rejoindre Brighton, à une heure et demie de route. De droite à gauche, Paul, Bob et Michael. England. Paul England. "Ben oui, comme l’Angleterre. Vous vous attendiez à ce que je m’appelle Amérigo ?" Snow. Bob Snow. Un parent de l’ancien pilier canadien, Rod Snow  ? "Non, rien à voir." Brady. "Moi, je suis un putain d’Irlandais". Michael Brady, donc.

Plus de deux cents ans à eux trois. Chaque fois que passe un joueur, Michael demande un autographe. Paul et Bob, eux, se content de lui serrer la main et de lui glisser quelques mots d’encouragement.  Des boules de billard à la place des biceps, des épaules et des pectoraux, tous les Eagles s’arrêtent gentiment, les uns après les autres, se penchent, serrent les mains, signent l’autographe avant d’aller déposer leurs sacs dans un coin du hall, avant l’embarquement.

Pourquoi ces trois supporteurs dans ce hall, et pourquoi l'équipe de Etats-Unis ? "On aurait préféré les Anglais, c'est sûr, mais avoir les Américains, pour nous c'est important", avoue Bob. Souvenir du Débarquement ? Non, je n'ose pas, ils sont trop jeunes. "On ne pourra pas vous parler longtemps, notre bus va arriver." Ok, Bob. "Nous sommes originaires de l'ïle de Wight, juste en face". Alors comme ça ils viennent d'en face. On parle des Who. "Nous étions au concert mythique de 1970. Quand ils sont revenus jouer, il y a dix ans, comme l'anniversaire du concert, Peter Townsend a lancé au public : "Il y en a beaucoup parmi vous qui ont été conçu ici même, dans les tentes, il y a trente ans." Et tout le monde s'est marré..."

Mais ça ne m'indique pas pour autant pourquoi ils sont là, nos papys, et encouragent les Eagles. "Il y a beaucoup de dons qui proviennent des Etats-Unis. nous recevons de grosses sommes, ici, à Portsmouth." Ah... "Vous savez, il y a cette fondation, Pass The Prostate". D'accord... "Michael, Paul et moi, on a la prostate. On est soignés en face, à l'hôpital. Et la plupart des fonds d'aide sont américains. Alors voilà pourquoi on est là. Pour remercier ces types." OK. "Justement, voilà notre bus. Ravi d'avoir fait votre connaissance." Paul et Michael sourient, Bob se lève difficilement. Dehors, devant l'entrée, stationne la navette de l'hôpital. Je me suis promis de ne pas oublier ce moment. Il est valeur.

10 commentaires:

Seb en Ovalie... a dit…

Un échange de fond qui comble l'âme, qui pansent sans réfléchir juste le cœur qui parle en ovale, des moments qui font du bien, pendant que l'île de Wight se souvient d'autres paires de manches, de Fender Stratocaster "CBS" brûlant sous les doigts de la légende de Jimi en Hendrix, version "La fureur de vivre"...

Tautor a dit…

Bonsoir Ritchie,

Whigt ile culte de la musique des années 70 mais Whigt is always whigt? Cette île aurait une origine latine "Vectis" le levier ... (ou verrou) .. Serais tu aller chercher le secret bien gardé de Sir Lancaster pour faire sauter "le verrou" des défenses adverses afin de faciliter la tâche aux 2 centres du BTP ? Je ne savais pas que Manet avait séjourné et peint ....
Je me suis arrêté à Portsmouth subjugué par le "HMS Victory" n'osant plus traverser et me baigner dans la manche !!
tiens un son de l'île !!!
https://www.youtube.com/watch?v=gIl9lBNj08c

Le Spicilège, édition 1944, truculent ... "Hippocrate qui fleurissoit avant la philosophie péripatéticienne, n'en avait point été gâté. Aussi y a t-il plus de bon dans un page d'Hippocrate que dans tout le Galien".
Attention à l'adrénaline !
Tautor

Sylvie a dit…

Ah Portsmouth ! Si tu aimes les histoires maritimes Tautor faut te mettre sur Patrick O'Brian et ses 20 romans d'aventure c'est l'époque de Nelson et des grandes rivalités Brit/ French - déjà - ; il y a eu un film "Master and Commander" qui reprend les principaux thèmes . C'est très intelligent ( normal réalisateur Peter Weir ) distrayant ( super combats ) instructif ( expédition scientifique aux Galapagos, interrogations sur la philosophie des Lumières ) . J'ai lu les 20 tomes en VO ; pas possible de lâcher en route . Y'a même un toubib qui opère avec les moyens du bord, un peu gore parfois .
Richard beau texte sur les supporters : les motivations sont parfois surprenantes.Toujours bon à lire en ces périodes d'indifférence généralisée .

richard escot a dit…

Seb, Tautor, Sylvie : un trio d'attaque d'entrée de jeu. J'essaye de mettre la photo des trois lascars mais mon ordi ne veut rien capter.
Allez, maintenant au boulot. Direction des confs de presse et les captain's run, le truc le plus con de la semaine mais au moins ça permet de papoter.

Tautor a dit…

La Victoire
L’aube d’un jour de gloire a blanchi la tunique
Partout sonne l’appel clair des joueurs
Car, malgré PSA, les augures menteurs,
La Tamise, défroguée, et qu’il vante et qu’il pleuve,
Dusautoir, fier de sa gloire retrouvée
Fait chanter l’hymne et jouer le bonheur
Et, là bas, dans un coin sans broncher
Le coq,, pensif et triomphant
Ecoute le piétinement léger des légions blindés.
Tautor

richard escot a dit…

Merci pour Victor

Tautor a dit…

Bonne bouille nos oldies !!! Espérons vieillir comme eux et participer à une coupe du monde les mains aux poches et faire la une d'un blog !
Le rugby, la culture, la musique, la table, la passion, que sais je encore, rien de mieux pour rapprocher les hommes;
Tautor

richard escot a dit…

Pour moi, c'est un des plus grands moments de rugby. Un truc qui m'a marqué. Que je ne pourrai jamais oublier. Ces trois mecs m'en ont dit sur moi, sur le rugby et sur l'humanité que tous les matches que j'ai suivi.

Sylvie a dit…

Oui je te comprends parfaitement ; il suffit parfois de quelques mots avec de parfaits inconnus .Tu veux savoir pourquoi je fais une fixette sur Arnaud Méla ? Après le diagnostic du crabe je suis restée plusieurs semaines dans un état semi- conscient (non pas ça , pas moi etc) les toubibs appellent ça la sidération . J'ai repris contact avec la réalité un vendredi soir de Top 14 , à l'hosto, en regardant Brive jouer, quand Méla est entré sur le terrain à la tête du CAB ( pas CRABE hein bonjour Lacan ! ) il avait un regard de tueur littéralement ! j'étais suffoquée et je me suis dit voilà c'est comme ça que je dois attaquer l'autre uninvited guest . C'est ma Mélattitude, ma rugby thérapie . C'est mon match .

richard escot a dit…

Je comprends. Parfaitement. Moi, c'est une transformation du bord de touche. Te raconterai un jour. Car nous avons pas mal de choses en commun. Amitié, Sylvie. Et courage. Mais tu as les deux.