lundi 14 mars 2016

Non mais allo quoi

Nous sommes dans l'ère de la télé réalité, il faut en convenir. Nabila a remplacé Littré. Et sur l'autel des passes du XV de France, c'est le French Flair qu'on poignarde. Le jeu mondialisé en devient téléphoné. Mais si les temps de jeu se ramassent à l'appel, il n'y a pas de message à transmettre. Le vide. Le maillot est bleu comme Orange. Parce qu'il faut bien remercier le sponsor.

Ca fait deux matches que je regarde attentivement ceux qui se passent. Ah ça, des ballons, ils en donnent. Devant, derrière, sur les côtés, au-dessus, par terre... On appelle cette confusion envoyer du jeu maintenant. Mais l'oblongue arrive rarement dans le berceau, au creux des mains, là où ça fait du bien. "La passe, c'est un message", aphorisaient les anciens. Loulou Courthès, mon entraîneur chez les juniors rochelais, ajoutait : "Ne balance pas le ballon comme si c'était une poignée de cerises". La passe serait donc le noyau du mouvement, constitué d'atomes crochus.

Perdre n'est pas un drame, c'est l'une des trois options du résultat. Comptent aussi l'art et la manière. Question style, vous repasserez : à Cardiff puis à Edimbourg, aucune exportation ne peut être considérée. "J'ai hérité d'une petite génération", m'avouait PSA au début de son mandat. Guy Novès vient d'en hériter à son tour. Sa posture ? "Je suis dans mes petits souliers". Sans doute parce que ses Bleus jouent comme des pieds. Fofana, Fickou, Vakatawa, Trinh-Duc et Spedding ne savent pas passer un ballon. Seul Mermoz prend de la hauteur.

En 1984, j'écrivais "Rugby au centre" avec mon ami Jacques Rivière. Nous évoquions Dauger, Martine, Maurice Prat, les frères Boniface, Maso, Trillo, Sangalli, Codorniou, et jusqu'à Charvet et Castaignède. La lignée s'est éteinte. Amer constat souligné par la réalité des ralentis télé. Il n'y a plus de message à transmettre. Et si quelqu'un répond à l'autre bout de la ligne, il parle anglais. Samedi, j'ai bien peur que nous ne devions raccrocher.

22 commentaires:

Seb en Ovalie... a dit…

Une génération dans l'un passe l'autre chancelle sur le grand échiquier du rugby en mouvement. Va falloir trancher pour retrouver les sentiers de la gloire. Quel sombre Dimanche en voyant cette beuchigue naviguer le plus souvent de haut en bas, trop systématiquement tomber dans le miroir de boue, de nos illusions perdues, ou s'aérer trop lentement dans des chardons, juste ardents. Le jeu de nos coqs dans le fumier, bonjour tristesse, pas de quoi en faire un roman, avant de s'attaquer aux forts Sagan anglais, en espérant une énième révolte en mode Deux par Dieu, et toucher du doigt la terre promise? Pour l'instant juste un doigt dans l'œil, la légende du cyclope engloutie, Novès, "Un homme à boue"...

richard escot a dit…

Il est la, le Seb. En mode grand écran. Parce que l'écran, en rugby, c'est à la mode.

Christophe a dit…

La ligne est en dérangement... Ça passe mal ! Un problème de connections ou quoi ? Que faire ? Un peu fatigué tout de même de changer d'opérateur et d'avoir toujours de la friture sur la ligne... Dois-je résilier mon abonnement ? En tout cas, quand on voit les concurrents, on a l'impression que le réseau fonctionne bien mieux. Pourquoi ? On a beau me promettre qu'avec ce nouveau forfait, et les nouvelles options, je vais être plus performant, plus en phase avec le monde d'aujourd'hui mais, au vu des résultats, c'est pas gagné. En fait, plus on me vante la performance, moins ça marche... En plus, à force de vouloir communiquer, je ne parle plus à personne. J'en oublie l'essentiel. En même temps, impossible et pas question de revenir au télégramme. Alors quoi ? Je crois qu'il faut faire un reset de l'appareil et repartir à zéro. Mais qui seulement a encore le mode d'emploi ?

benoit a dit…

Bah, je n'ai pas envie d'être trop dur avec une équipe qui tente, avec quelques approximations, certes, mais qui tente. Il y a de beaux mouvements, ça et là, des actions à retenir...et je retiens, surtout, ces intentions. Ces relances, ces remontées de balle pas si maladroites, du reste, à certains moments. Les joueurs se cherchent et à force ils vont se trouver. S'ils persistent dans leurs intentions...ils finiront par se trouver,s'y retrouver. Est-ce qu'ils ne savent pas se faire des passes? Je crois que les joueurs cités, savent le faire...Certains ont réussi à créer des brèches, à ouvrir et à élargir l'espace, justement, par endroit...Pour l'heure c'est encore trop peu. Mais c'est tout neuf, et comment-pourquoi Novès parviendrait à faire en quelques matchs à peine ce que Cotter n'a pu faire qu'en un an...Hier, la mêlée a été trop en souffrance et nous avons manqué d'alternance et ça...Et puis lâché trop de points au pied, aussi...Le gros Louis manque, il me semble, à une troisième ligne qui accuse un déficit, assez criant, de puissance...Mais dans chaque geste, aussi imparfait soit-il, c'est bien l'intention qui compte. Et moi, jusqu'à présent, les intentions de cette équipe me suffisent. Alors j'attends de voir à plus longue échéance. Voilà.

richard escot a dit…

Ah Christope qui file la métaphore, dans la tonalité. Le clavier tinte. C'est l'or du dring... Amitiés

richard escot a dit…

Benoit, Cotter avait un temps d'avance, c'est vrai, mais il a un tout petit petit réservoir à whisky. Nous, on a les cuves pleines de grands crus. Et pourtant, on joue comme des piquet(te)s... Novès ou un autre, ce serait pareil, les mecs, il faut les secouer. Ce qu'à fait Cotter, ce que fait Jones. Sont le cul dans le cocon, ou dans le coton, je ne sais. Quand tu vois ce que Gatland dit après la défaie en Angleterre, qu'il a failli sortir une dizaine de mecs au bout de dix minutes, tout est précisé. Ca manque d'envie de se faire mal. De se sublimer pour une cause, celle de l'équipe, celle du jeu, de l'idée qu'on se fait de ce jeu. Nous, c'est génération Nabila, eux c'est génération Itoje. Et en plus j'apprends qu'il étudie la poésie... Non mais allo quoi !

Sylvie a dit…

J'aimerais bien aussi leur botter les fesses à nos gentils Bleus et en même temps j'aime bien ce que Claude Onesta dit du sport en général et de la performance . C'était une itw à la sortie de son livre .
"Question : Pour se surpasser, faut-il obligatoirement se transformer en machine de guerre ?
Pas du tout ! Au contraire ! J'ai une vision apaisée de la performance. Tant qu'on est dans une situation de guerre, on est en guerre contre soi-même. En évoluant dans le sport de haut niveau, j'ai appris qu'on ne fait pas la compétition contre les autres mais avec les autres. Les autres vous permettent de vous révéler à vous-mêmes. L'adversaire, c'est VOTRE meilleure chance. Meilleur il est, plus il va vous obliger à vous élever. C'est un miroir.
Question : Le sport, c'est aussi un moyen pour l'homme de se sublimer ?
Oui. Le fondement du sport, c'est d'aller explorer d'autres territoires plus lointains. C'est justement pour ça qu'il faut être en paix avec soi-même ou en recherche de paix. Après si on fait ça dans le but d'être meilleur que son voisin, je trouve que la mobilisation et le carburant ne sont pas très généreux. Si c'est par contre pour être en relation avec les autres, et être capable de se dire qu'on est allé au bout de son chemin, c'est mieux..... Le sport est une réalisation, ce n'est pas une compétition avec soi-même. Dans le domaine sportif, il faut apprendre à BIEN se connaître pour mieux comprendre ses limites et mieux s'en rapprocher.
Question : Comment faire pour entretenir la flamme de la performance ?
La performance n'est que la conséquence du chemin parcouru. On ne peut pas se satisfaire de la médaille seule. Ce qui rend la flamme de cette performance durable, c'est ce que l'on vit au quotidien et ce sentiment qu'on a, au fur et à mesure de l'aventure, de s'épanouir, de grandir, de mieux se connaître, de comprendre les autres pour mieux s'associer à eux et donc le sentiment de construire une aventure humaine de qualité. Plus cette aventure humaine est riche, plus on a le sentiment de s'épanouir, et moins on veut qu'elle s'arrête."
J'ai l'impression que nous avons une exigence démesurée avec cette EDF- moi la première ! - je les trouve moyens mais perfectibles . Si je me souviens bien PSA avait presque fini par péter les plombs devant le manque de combativité, d'engagement de ses joueurs . Novès doit fulminer aussi mais ça ne changera rien . Tu as vu Whiplash Richard ? Même un gars très doué si tu ne sais pas le prendre, il ne progressera pas . Pire il deviendra mauvais, rancunier et malheureux . La sérénité que préconise Onesta - qui n'est pas un doux agneau, loin de là - ça peut être une clé . Désolée c'est un peu tout mélangé et confus, ah oui pour Seb samedi je vois soit "Les caves se rebeefent" soit "le XV se rebiffe" ... ou alors "Alamo"?

richard escot a dit…

J'ai vu whiplash
Et à la fin c'est la musique qui gagne

Sylvie a dit…

Mais oui et c'est tant mieux, maintenant sur la manière ... Un peu raide le coach non ? Tiens ça me fait penser à Trump, dont tu parlais dans ton post précédent . C'est curieux parce que ça va nous ramener à la télé réalité . Trump est devenu populaire grâce à une émission de télé réalité The Apprentice .Il y jouait son propre (!) rôle de manager agressif et faisait passer des entretiens d'embauche aux candidats du jeu ; sa phrase fétiche "you are fired ! ". Ca lui a donné l'image d'un homme inflexible, dur en affaires mais correct car à la fin il embauchait LE survivant . Les Américains aujourd'hui lui vouent une admiration sans bornes car il fait sa campagne avec ses capitaux personnels .. en oubliant que ce prétendu self made man est né avec une cuillère très dorée dans la bouche ; millionnaire dès le berceau grâce à Papa . Bref ... tout cela pour dire que l'autorité que les gens appellent de leurs voeux y compris pour redonner un peu de nerf au rugby Français, l'autorité devient très vite de l'autoritarisme, surtout quand le peuple s'est assoupi devant les shows de télé réalité justement ! Cette génération Nabila, je l'ai sous les yeux tous les jours et je m'efforce - on est quand même quelques uns - de lui donner quelques éléments de compréhension du monde, un peu d'esprit critique aussi ... ce n'est pas facile . Une lueur dans la nuit ? L'émission US de Trump a fait un fiasco en France, elle a été supprimée après quelques jours d'audiences catastrophiques . Et ça m'a fait plaisir : Mr Trump, YOU ARE FIRED ! .

benoit a dit…

Dimanche dernier, à la fois, à la fin c'est le rugby qui gagne, aussi, hein. Parce que bon, les amis, on dit "l'équipe de France ceci", on lit " les djeuness, rien dans le caleçon, tout ça tout ça", mouais, " les anciens c'était autre chose" ... mais lesquels, bon sang? Ceux de 2011 qui saucissonnent contre l'Italie et les Tonga? Ceux de 2007 qui nous guy moquetent encore les poumons avec ce gout de l'épique et colegram de notre Sarko-trafiquant préféré? Ceux de 2003 qui ont préféré avoir piscine au lieu de potasser un petit plan QI de derrière les mégots, manière de vous envoyer Wilko et tous ses royaux nervis au septième ciel? Ou bien sont-ce ceux de l'autre siècle? Hein, j'ai bon là? Mes chouchous éternels: ceux de 1999 (qui n'a jamais vibré aux drops de Titou Lamaison n'est pas vraiment en mesure de comprendre que seuls les deuxièmes choix au poste d'ouvreur entrent un jour dans la légende ( admirez cette sorte de syllogisme et hop que je t'enfume, tchic-tchac, t'as le bonjour de Bernat-Salles) ceux de 1999 qui se couvrirent de ridicule ( me reste en mémoire ce geste...mon dieu... genre bombez le torse bombez, entre Mola et Castaignède alors que le score a tout du dégât des eaux) lors d'une tournée aux antipodes et manquent, lors de la world cup, de se faire envoyer par le fond par Quesada ( là ça demande vérif pour Quesada) et ses gauchos...Ceux de 1991 alors qui ont sans doute cru avueglèment aux vertus de l'apéro-bike ( j'oublie la bande de 1995 de Pierre Berbizier, le seul sélectionneur à ce jour qui aurait mérité d'aller au bout ( la dernière grande et belle charnière ( Acco-Deylaud), à mon humble avis la voilà) et envers qu j'éprouve une tendresse particulière.) Bref je fordce et noircit le trait à dessein...Je suis un peu agacé. Mais oui, "Les djeunss ceci, le cul dans le miel celà" ( je veux bien entendre qu'il s'agit " d'une petite génération" mais quand on souhaite élever le niveau n'y avait-il pas autre chose à proposer en dehors de ces ateliers estivaux "plâtre et ciment", est-ce là tout le fond pédagogique dont on disposait? Autant abonner vos enfants à Voici tout en continuant à se plaindre du soit disant manque d'intérêt de la jeunesse ( on sait bien que c'est faux!) pour la lecture.) Sauf que personne ou presque pour relever la performance, le match plein et maîtrisé ( quand les blacks se font trois passes, allez hop, on décrète illico la nuit du Sopalin. Carter peut aussi bien marquer des essais avec en avant de passe de quatre mètres ( je sais j'exagère encore) mais c'est Dan quoi) Mais les écossais pas très loin de battre l'anglais d'ailleurs, Oh mon dieu, pas de quoi faire la fashion week avec ça très cher. Pfff) oui, n'oublions pas le match splendide, crane avec cette part de panache aussi, du VX du chardon...( Juste une réflexion au passage: il ne vous aura sans doute pas échappé que Novès n'a jamais dit qu'il préparait la prochaine coupe du monde. Et c'est bien pour cette raison, justement pour cela, qu'il ne fait que ça.)

richard escot a dit…

Sylvie, le chef d'orchestre de Whiplash me fait penser à Novès à Toulouse. Vrai. Il te plombe pour que tu ailles chercher le meilleur en toi et de toi.
Benoit, pour côtoyer ces jeunes joueurs, génération Application, ils sont assez insipides. Vraiment. Ceux de 2011 (Rougerie, Papé, Servat, Bonnaire, Harinordoquy, Yachvili) avaient une autre dimension. Pour que Novès soit dans ses petits souliers, c'est bien qu'il vient de se rendre compte de quelque chose. Biz

benoit a dit…

Sans doute, Richard. Et je te crois sur parole. Mais, et tout est là, ils vont devoir grandir. Comme leurs devanciers, justement, avant eux. Et je parierai ma moustache sur sur les petits souliers de Maître Guy ( pas Maître Gimms hein)...Il est plus pédagogue ( méthode globale en mode spartiate, je te l'accorde. Mais ça j'adore.) qu'il n'y parait et je le crois vraiment capable de tirer quelque chose de cette génération, sur laquelle d'un peu partout on tire un peu vite, sinon le meilleur. Déjà, il va trier, répartir ses graines, ( bonnes ou mauvaises, il faut de tout pour faire une équipe) et semer tout ça à belles mains ( rugueuses et fermes) et si ça ne veut pas prendre...il ira en chercher d'autres...et ça finira par se laisser moissonner tout ça. Malgré tout, tu ne m'ôteras pas de l'esprit que le match livré en Ecosse est tout bonnement un match gagné par la meilleure équipe et perdue par la moins bonne. Moi, et j'ai revu le match, à tète plus reposée, j'ai donc vu et revu une équipe de France, faible dans plein de secteurs ( émoussée un poil physiquement, aussi je trouve) oui oui, mais, enfin, des jeunes gens qui au moins jouent jusqu'au bout ( alors, certes, Bézy fait sa passe en avant mais Fickou (plutôt à son avantage à mon humble avis. Mais je n'ai, disons le tout net, pas l'œil d'un spécialiste) se propose, quoi?! Et ce alors que le match est plié. Et au Pays de Galles, c'est pareil. Jusqu'au bout, ils jouent...et ça c'est nouveau, non? Bon, d'accord, ça joue pas très bien parfois, ah ça c'est vrai. Mais l'intention est là et sur ça Novès va construire. Y compris sur ce qui se murmure à leur endroit. Je l'entends d'ici, tiens, " les gars, vous passez pour des gamins pourris gâtés. C'est ça l'image que vous vous voulez laisser?" et hop par dessus quelques encouragements pour éviter de trop les détruire. Et tac " François, un 10 doué et nonchalant, t'as vu, c'est écrit là. T'as vu? François, moi je sais que tu vas y arriver. Que plus personne te collera un bristol comme dimanche." Etc...et quelques rappels à voix basse entre deux séances. Quelques piqûres de rappel à huis clos...Cette génération, il va lui durcir le cuir, lui épaissir l'âme, et au bout du chemin, semé d'embûches, lui apprendre à respirer le souffle de l'aventure...humaine. Ils n'ont pas l'air, ils ne s'ouvrent pas ( parce que le monde actuel, dans le fond, c'est big brother à chaque recoin de réseau social), ils n'ont ni l'air ni la chanson, mais il va leur servir de guide. Au fond, je crois qu'ils n'attendent que ça.

richard escot a dit…

Whiplash, Benoit. C'es ça. Guy à la baguette et les autres aux percussions...

Sylvie a dit…

Ah Benoit j'espère qu'ils te liront ! Ca me va moi le souffle de l'aventure humaine . Sur Côté ouvert un blogueur vient de poster depuis le Leinster et dit que Guy Novès va trouver les solutions "grâce à son calepin " . C'est vrai qu'on le voyait beaucoup écrire quand il faisait gagner le Stade ; je serais curieuse d'en lire une page du carnet d'or, juste une pour voir .. C'est peut être une partition ?

benoit a dit…

Ah Sylvie...moi j'espère qu'ils écouteront,voudront apprendre d'avantage et avant tout sur eux-mêmes, en s'inscrivant d'emblée dans cette histoire- la leur-dont les pages restent encore à écrire...A propos de Guy Novès, après j'arrête, j'en suis à me demander s'ils l'auraient prise cette foutue pénalité face aux poteaux, avec lui sur le bord de touche. Mais je crois bien que oui... de là-haut, il a tout du vieux lion en cage...C'est presque touchant à voir. Mais on a tellement glosé, pendant des années, sur son fameux geste, impérieux et sans issue, indiquant les 3 points, que ma foi, leur laisser cette liberté ( m'est avis que calmement il a du leur en reparler, de ça, aussi, tiens.) ma foi, ça participe de leur éducation. La liberté, là encore, on su toutes et tous, que ça se gagne, que ça s'arrache...Ou se regagne, dans ce cas de figure...Ma fille me tanne pour que je "lui fasse une tarte opium" ( elle me ressort cette expression de quand elle était petite). En fait, t'as raison, Richard, la jeunesse vire décidément hyper mal. Bises à vous tous.

André Boeuf a dit…

C'est avec un peu de retard que je reprends la conversation commencée dans "Mauvaise passe"; et pas spécialement à propos de rugby, mais plutôt d'enseignement.
A partir de la question, posée par Sylvie: ..."simplifier pour être comprise ou garder un niveau d'enseignement élevé"...?
Je ne suis pas enseignant professionnel et je ne me permettrais évidemment pas de donner le moindre conseil. Cependant, j'ai, durant ma vie été confronté, comme tout un chacun à ce dit enseignement: moi-même, durant mes études, du C.P. à l'Université, en tant qu'apprenti par la suite, durant des stages de formation professionnelle etc. J'ai donc pu observer, aimer, juger, rejeter, me révolter contre...Je n'étais pas un bon élève...Je me suis amélioré...Je réfléchissais à ce qu'on m'imposait...Enfant, je n'étais pas turbulent, mais je demandais -réellement- à être considéré d'égal à égal:
- "Je sais que vous savez des choses que je ne connais pas, mais je suis comme vous."
Par la suite, et très vite, j'ai réfléchi à la question. Dès que je découvrais un monde nouveau, j'ai toujours quasiment immédiatement cherché à en connaître les coulisses, les tenants et les aboutissants, les fondements, les "pourquoi" et les "comment",...l'envers du décor. Donc, les règles, la situation de cette matière, de ce champ dans l'espace et le temps. Ce besoin, physique, quasiment plus qu'intellectuel, m'a certainement, beaucoup pénalisé, ralenti. Il fallait ingérer, digérer, transformer les notions abstraites en chair de ma chair. Et puis, plus tard, j'ai, moi-même, "enseigné", plutôt en amateur: en tant que répétiteur, pour simplifier, élèves de troisième et seconde, et dans le domaine du sport, du rugby, en particulier. A ce moment, j'avais "inventé" (en 1969) un nouveau professeur. Son titre? Professeur de compréhension. Je suppose que, comme toute "découverte", elle se situe dans l'air du temps et que d'autres ont eu, à cette époque, ou plus, ou même avant, pourquoi pas, la même idée. Sous une forme ou sous une autre; Je n'entrerais pas plus dans les détails; je dirais juste que le rôle de cet enseignant particulier était à l'aune des mes difficultés particulières, donc, loin d'être omniscient.

André Boeuf a dit…

...à cette époque, ou plus tard, ou même avant,...
Par ailleurs, reste le problème de la simplification ou l'abaissement du niveau. Je ne peux parler qu'à partir de mes petites expériences.
Une première remarque, mais essentielle, je crois: le fait d'être là où l'on est par obligation ou par décision. Exemple: je suis à l'école par obligation et je vais au club de rugby, ou à l'harmonie municipale par décision, volontairement. Cette position change tout dans la relation entre ceux qui transmettent et ceux qui sont censés recevoir. Vous êtes prof et vous savez bien que vous n'avez pas que des élèves particulièrement réjouis d'être là, en classe. Les leviers sont faussés au départ; pas facile en cas de conflit. Les questions ne sont, bien évidemment pas les mêmes en primaire -une sorte de pédagogie pure- en secondaire ou en supérieur ou la question de la transmission des savoirs plus vastes ou plus précis se pose. Mais, quoi qu'il en soit, apprentissage et pédagogie restent -à des pourcentages différents- intimement liés.
Bon.
Pour moi, une trilogie Élève/Matière/Système.
Trilogie classique, bien entendu, qui baigne dans le social en général, plus global, avec ses règles, ses lois. Faire avec ce qui est imposé. Par exemple, j'ai connu, et même vécu, le passage des maths dites traditionnelles,à la théorie des ensemble. Coup de massue pour certains profs de l'époque, complètement démunis devant une matière inconnue fin juin et qu'ils devaient enseigner à la rentrée de septembre.Et que dire de l'obligation de poursuivre ses études jusqu'à 16 ans, alors que j'ai connu un nombre considérable d'amis qui, après le certificat d'étude, entraient en apprentissage, autrement dit travaillaient, à partir de 14 ans.
Pour réfléchir, il faut quasiment extraire le triangle du réel pour l'y replonger éventuellement, par la suite, une fois les premières conclusions posées. Bref.
Les élèves = goûts et qualités.Désirs et possibilités.
Les matières = déterminées a priori. C'est un découpage du monde connu. Discutable ou pas. Une présentation, une vision de ce monde. J'aime, je n'aime pas l'histoire. Je comprends, je ne comprends pas les maths. Le Français m'ennuie...J'aime lire...A quoi sert la philosophie? Je préfère le travail manuel, l'activité physique. Je veux être musicien, plombier etc.
Les systèmes = les méthodes d'enseignement. Hors enseignement public ou privé, il est possible d'enseigner et donc d'apprendre, sous différentes formes, d'approcher cette bulle de "la connaissance" commune théoriquement à tous, par des chemins différents.

André Boeuf a dit…

Bulle de la connaissance universelle.
Peut-on tout appréhender? Le faut-il? Tout le monde le peut-il?... Je pense que les caractéristiques personnelles sont primordiales. L'association, goût/capacité face aux matières proposées reste essentielle. Reste quand même le devoir de présenter l'ensemble des champs d'apprentissage à tout un chacun de façon à ce qu'il puisse, clairement, avoir une idée de ce qu'on lui propose, se situer dans cette jungle, ce territoire et faire ses choix le plus idéalement possible.
Ici, les systèmes peuvent être déterminants. Ils peuvent se déployer de l'enseignement le plus rigide possible -style religieux ou militaire- à base d'entraînements répétitifs et d'apprentissages successifs sans compréhension véritable de l'ensemble, à un enseignement du type des "libres enfants de Summerhill" d'Alexander Sutherland Neill, en passant par les méthodes pédagogiques de Maria Montessori ou de Célestin Freinet, associant pratiques concrètes et réflexions théoriques à des rythmes désirés par l'enfant dans ces deux derniers cas. Le "programme" prévue pour cinq ans, du C.P. au CM2 est abordé beaucoup plus globalement et selon les besoins, les désirs des enfants et le rôle de l'enseignant est de les éveiller, de les accompagner afin de boucler le parcours dans le même laps de temps et avec un résultat identique par des chemins différents.
Reste, malgré tout, le problème de la simplification et de l'excellence dans un enseignement de Français d'un classe de troisième, par exemple.
J'ai beaucoup aimé ce que disait Michel Onfray, il y a déjà quelques années lorsqu'il essayait de montrer que certains "savants" faisaient montre d'une complexité volontaire, alors qu'il était possible d'expliquer, avec des mots et des phrases simples, les mêmes concepts, les mêmes pensées, afin d'être compris par tous. Idem, également, pour la traduction en Français moderne de Rabelais, de Montaigne; au moins dans un premier temps. Et entièrement d'accord sur l'horreur des Reader's digest! Cependant, pour ce qui est de pouvoir expliquer à peu près tout, simplement, comme le suggère Onfray, j'éprouve quelques doutes qu'il serait trop long de développer maintenant. Je suis déjà largement bien assez long!!!
Deux dernières petites choses pour conclure ce soir.
1- Pour faire comprendre quelque chose à quelqu'un, partir de celui à qui on veut apprendre quoi que ce soit. De quelque chose qui lui est propre, qu'il aime et qu'il comprend. Et s'adapter; repartir de cette base qui est la sienne, vers ce que l'on tente d'expliquer.
2- Je fais du vélo.
J'ai pratiqué le cyclisme en compétition F.F.C. La course est ainsi: tout le monde part au coup de feu et le premier arrivé a gagné. Et puis les autres arrivants sont classés dans l'ordre.
J'ai pratiqué, et pratique encore le cyclotourisme en F.F.C.T. Par exemple, samedi à Feurs, a lieu le premier Brevet de 200 km du coin. Les départs s'échelonnent entre 7h00 et 8h00 et les délais d'arrivée sont compris entre 12h56 pour les plus rapides (si plus vite, ils attendent car le bureau n'est pas ouvert) et 20h30 pour les plus lents -ou les moins rapides, si on veut, ou ceux qui se sont arrêtés très souvent et ont, par ailleurs, peut-être roulés très vite!. Chacun fait ce qu'il veut, ce qu'il peut, dans un cadre donné, souple, mais quand même relativement sérieux en fonction de ses capacités, son âge ... A bon entendeur salut.
Et bonne nuit.
P.S.:
Bashung et Gainsbourg sur la 4. Excellent!



Sylvie a dit…

Rien à ajouter André, nous sommes sur la même longueur d'onde, (ma mère institutrice lisait Freinet et le pratiquait, je passais mon temps dans sa classe, on peut dire que mon "école normale" je l'ai commencée dès 6 ans ! et j'en ai 57 ...) J'aime beaucoup ton image de la course cycliste avec les arrivées échelonnées, c'est un peu mon leitmotiv "ils" vont tous y arriver mais pas en même temps, ni à la même vitesse .
La problématique du rugby et de toute équipe/groupe/classe, c'est d'arriver à gérer ces différences dans la performance . Là où je commence à ressentir les effets de l'âge- bref je vieillis - c'est que la génération actuelle tout en étant extrêmement faible - je ne vais pas revenir sur les raisons de cette baisse de niveau - cette génération est aussi très pressée, et a peur de l'élimination ( "you are fired !" de quoi ? de l'entreprise ? du groupe ? de la vie ? ) . Le mélange est détonant et crée des stress incroyables .
En leur lâchant les baskets on obtient beaucoup, en leur montrant de l'estime, en les aimant - ben oui c'est un peu couillon à dire mais il y a de ça ! - donc en les aimant on obtient encore plus . Je ne suis pas trop fan du positivisme actuel - supprimer les notes etc- mais apprendre à accepter la notation quelle que soit sa forme, apprendre à s'évaluer, apprendre à s'estimer aussi, à se voir calmement au milieu des autres à sa juste place ... Mais surtout qu'ils aient une place et qu'ils s'y sentent bien . Parce que là en ce moment ils sont paumés les jeunes, un peu comme notre EDF sur le terrain . Et si nous avons des pansements, des solutions d'urgence - recours à des coachs en tous genres, des coachs du mental, des avants , des arrières et du battement de cils - nous n'avons pas de "Pensement". Je vais aller lire Onfray pour voir . Amitiés .

richard escot a dit…

J'embraye rugby mais ma mère était instit et dès 1962 (de mémoire) elle fut une des premières à utiliser la méthode Freinet en classes primaires. Et dès mes jeunes années, j'ai entendu des discussions d'instits passionnantes à ce sujet à la maison. Et côté paternel, les All Blacks (cf Rugbyland). Alors bon, bref, vous voyez d'où je sors.
2changer avec vous sur une discussion que j'ai eue, hier, avec un entraîneur du Top 14. En résumé, Novès se prend déjà pour le patron du rugby français, et ne supporte pas les critiques émanant des entraîneurs de club (comme souvent, les braconniers vont de bons garde-chasse). Mais la discussion portait sur le XV de France : faut-il d'abord identifier des joueurs de niveau mondial et ensuite les faire jouer en fonction de leurs qualités, ou d'abord instauré un jeu et ensuite voir comment les joueurs sélectionnés peuvent s'y intégrer ? Novès, très deleplacien finalement, a choisi la deuxième option. Comme Villepreux et Skrela avant lui. Ca va prendre du temps. Mais ça peut marcher à la fin.

benoit a dit…

Deleplace d'un coté ( le coté moins "obscur" que je préfère) et Devaluez de l'autre, c'est le dualisme éternel...Je partage ton avis, Richard...Je pense qu'à la fin...il peut y arriver...enfin...ils peuvent y arriver...Je viens de lire avec un grand profit les commentaires d'André et de Sylvie...et c'était juste en sortant de l'école primaire où je m'occupe ( pas tout seul. Je suis épaulé par les instits ( c'est drôle comme chacun occupe sa place sans qu'on se marche dessus, sans qu'on empiète, mais toute la semaine, on échange à ce sujet . J'observe et j'apprends. Assez fasciné, du reste.) d'atelier d'écriture ( Trois classes. CE2, CM1, CM2, que j'aide à écrire une nouvelle en groupe. Comment construire une intrigue, les personnages, observer un lieue, bref etc...)commentaires grâce auxquels je me replonge ( il n'y pas de hasard) dans la "belle" atmosphère ( le jeudi, j'y passe la journée entière et j'ai la chance, car s'en est une, de partager le repas (plutôt qu'elles m'invitent à le partager) avec la directrice et ses instits...oui et là, juste en les écoutant ( de temps à autres, bien sur, je dis quelques bêtises en passant, parce que...voilà) j'ai l'impression de vous lire, ou plutôt en vous lisant sensation de les écouter) que je viens juste de quitter...

Enfin, cette guéguerre éternelle (et pfiou...franchement...) entre entraîneur national et ses homologues, c'est encore et toujours la querelle stérile entre celui qui est et ceux qui auraient bien voulu ou aimeraient croire qu'un jour ils y seront ...Sauf qu'une fois en place, si jamais si,l'histoire se répète ( et repfiou...franchement...) Le rugby, c'est un ballon et des hommes autour, dit un jour JP Rives...et quand il n'y a plus de ballon, il reste les hommes...Et moi j'ai envie d'ajouter que c'est bien là le problème...Puisque...sans misanthropie aucune, longtemps que cette formule- cette phrase ( et à qui la doit-on, mes petits chats, la dite formule, hein?) m'accompagne..."si l'homme est bon, le veau est meilleur". Bises et meuh à vous tous.

Sylvie a dit…

Tous Freinetiques de l'éducation quoi ! Novès en pleine expérimentation pédagogique qui va se heurter au sacro-saint besoin de "résultats" et quand je dis besoin je pense diktat . Mais c'est passionnant à observer la recherche !
Benoit du même, "quel beau pays nous aurions, si nous l'avions ..."