vendredi 11 juin 2021

La bande à Bonnet

Vous connaissez peut-être Laurent Bonnet pour avoir lu ses textes maritimes sur mon autre blog, plus ovale, Côté Ouvert. Avant d'être écrivain et éditeur, il fut marin, chef d'entreprise et directeur de la société des régates rochelaises. J'ai vécu à son invitation quelques homériques safaris en hobie-cat le long des côtes sauvages de la Sierra Leone et dans le golfe de Thaïlande, autour des îles atlantiques aussi, Ré, Aix, Oléron... Athléte accompli - il n'y a qu'au tennis que je suis parvenu à le battre régulièrement, à son grand dam - Laurent est d'abord l'auteur de Salone, roman choral qui plonge dans l'histoire de la Sierra Leone et reçut en 2013 le prix Senghor, entre autres récompenses. 

Ayant largué les amarres d'une vie trop rangée et souhaitant se consacrer à l'écriture, il chronique avec talent et conviction pour La Cause Littéraire, et surtout excelle dans l'art délicat de la nouvelle : j'apprécie plus particulièrement Le retour de James Conaught et Charmian London. Un hors-série de la revue Daïmon titré Aux Evadés est depuis peu consacré à ce Limougeaud qui distille les embruns. Devrait bientôt être publié Fils d'escales, roman d'étapes marines qui va de l'Espagne à l'Argentine, de Gijon à Buenos Aires. Hâte que cette pérégrination se compléte à bon port.

En novembre dernier, Laurent a repris son baton de pélerin oublié dans une allée littéraire pour développer une maison d'édition associative, les défricheurs, créée en 2011 pour promouvoir des auteurs qui ne naviguent pas dans les courants habituels et les vents porteurs. C'est donc avec joie que j'ai immédiatement adhéré à son projet éditorial revivifié, et rapidement proposé un texte que je tenais dans le creux de mes mains depuis que j'ai découvert Emmanuel Kant, sa rude philosophie, ses concepts sans faille, son phrasé rigoureux, une pensée qui m'a obligé, très jeune, à regarder la voute étoilée pour m'y perdre puis, plus tard, à considérer le fil à plomb comme symbole d'éthique.

Vient donc d'être publié Oser Savoir par les bons soins de cet ami, m'offrant la possibilité d'aborder le texte le plus court de Kant, Qu'est-ce que les Lumières ? avec les yeux du citoyen que je suis, regard qui devient écrin pour un joyau dont nous avons plus que jamais besoin, aujourd'hui que menacent les dogmes et les doxas. Privilége, donc, que le mien d'accompagner à la fois cette entreprise, cette collection fondateurs qui compte de forts auteurs, et ce texte éclairant, mais aussi, comme le souhaitait Kant, d'écrire et d'être publier pour offrir ce prolongement.

Si vous souhaitez découvrir cet ouvrage (il est aussi disponible dans toutes les bonnes librairies mais pas chez Gafam, vous l'aviez deviné), cliquez sur ce lien Oser Savoir. Emmanuel Kant sous le regard de Richard Escot. (Editions les défricheurs, 2021)

8 commentaires:

jack a dit…


Kant, bientôt à la maison, apporté par la poste
Pouvoir derechef en discuter entre potes
Et explorer ces pensées spéculatives
Que voilà donc une bien belle perspective !

richard escot a dit…

Merci pour ton soutien, Jack de Palaiseau, ami fidèle

André Boeuf a dit…

Pour Kant, je ne sais pas, mais pour l'Équipe, je sais pourquoi je ne le ou la lis quasiment plus. Celle qui parlait ne me parle plus aujourd'hui.
Un ami revenant d'un petit séjour au centre Ricard de Cavalière a eu le plaisir de recevoir de la part du marchand de journaux chez qui il achetait, précisément, l'Equipe du jour, le journal du Jeudi 28 juin 1984 (4,00 francs) fêtant la victoire de l'équipe de France de foot dans le Championnat d'Europe de cette année là.
On dirait "Le Monde" d'après guerre, sans couleur et lourd du poids des mots. Et en un grand format (entre l'A3 et l'A2). Quel choc et quel plaisir de retrouver cette grande feuille, un véritable drap, plein du plaisir d'attaquer tous ces sujets et ces textes fouillés, développés, analysés, dans le détail, dans la technique, dans la forme et dans le fond.
Oui, 13 pages de foot sur 24, mais pour un titre de Champion d'Europe: normal. Et puis, le reste bien représenté proportionnellement: 3 pages de cyclisme d'avant Tour de France, 2 d'athlétisme, 2 de Tennis (Wimbledon, avec Denis Lalanne et Judith Elian pour nommer deux journalistes), 1 rugby et 3 variées jusqu'à AUTO, MOTO.
Un panel équilibré et un bonheur de lecture au-delà de l'évènement lui-même. Voilà.
2021 - 1984 = 37 ans. Trente sept ans, çà n'est pas grand chose, mais là, c'est un peu la stupeur de voir ce qu'est devenu l'information. Equipe et autres sans distinction de presse, sport ou pas sport d'ailleurs. De mon côté c'était bien mon sentiment et mon point de vue, mais pour ceux qui auraient oublié ou, bien entendu, pas connu, surprise.
Alors, oui, au vu de cette fracture temporelle favorable à mon avis au vieux temps, il est urgent de plonger ou de replonger son nez et son esprit dans Kant

richard escot a dit…

Ne me fais pas mal, André. Ne crois tu pas que le changement est encore plus frappant pour un journaliste qui est entré dans cette institution en 1985 ?

richard escot a dit…

Mais on s'éloigne de Kant. Encore que. Écrire et publier...

André Boeuf a dit…

Mais je ne t'accuse de rien. Ce n'était pas du tout mon intention. L'Equipe est juste le reflet du changement sociétal. Et comme j'aimais beaucoup et le sport et les relations de celui-ci dans le journal, la dérive, les dérives du monde vers le pouvoir financier m'a et m'ont profondément déplu. Malheureusement tu n'y peux rien ou pas grand chose en dehors de résister à ton niveau. Et moi, en n'achetant plus le journal.

richard escot a dit…

Cher André, je ne me sens pas accusé du tout par ton commentaire. Les salles de rédaction ressemblent désormais, en open-space, à des call-centers et personne ne souhaite s'y installer. C'est l'image la plus forte qui me vient à l'esprit. Elle raconte un changement. C'est pourquoi j'aime l'initiative collective à laquelle participe activement mon ami Laurent Bonnet pour développer l'édition citoyenne hors des courants germanopratins.

André Boeuf a dit…

C'est drôle aussi, parce que je pensais, justement, à l'époque ou les suiveurs du Tour de France, les Chany, Blondin etc., se retrouvaient tous ensemble dans des gymnases les uns à côté des autres dans le bruit des machines à écrire en se concentrant sur leur commentaires du l'étape du jour. Avant d'aller batailler vers les téléphones....Autre atmosphère, certainement.
Et puis, ce que j'ai dit de l'Equipe, je pourrais le dire de l'usine Badoit dans laquelle j'ai travaillé durant 23 ans. Même dérive...Et dieu sait que j'ai aimé ce lieu, les gens et cette période!